Le personnel politique et les parlementaires seraient-ils « hors sol » ? On peut se le demander lorsqu’on voit les diverses mesures prises depuis plusieurs années et censées faire la part belle, en matière de dialogue social, aux négociations en entreprise – par opposition aux accords de branche. De fait, les experts que nous citons dans notre dossier Tendances de la semaine, qui coïncide avec le grand rendez-vous du dialogue social instauré par la mairie de Suresnes, s’accordent à dire que non seulement les entreprises ne se sont pas engouffrées dans la brèche ouverte dans ce domaine par la loi El Khomri de 2016, mais qu’en plus, elles considèrent les accords de branche comme un socle, qu’elles rechignent à dynamiter. Et pourtant, certains observateurs, sans doute poussés par une idéologie libérale quelque peu dépassée, se demandent aujourd’hui s’il ne faudrait pas, encore et toujours, légiférer pour que les organisations aient individuellement la main, notamment sur la durée du temps de travail… Mais avant de rendre obsolète la notion de branche, voire d’équité, mieux vaudrait sans doute chercher à cultiver, par tous les moyens, le dialogue social. Question d’Histoire, il est faible en France depuis des décennies. À l’heure des transformations, que ce soit en matière de numérique, d’économies d’énergie ou même de business modèle, le personnel politique comme le législateur auraient intérêt à faire un aggiornamento, pour mieux coller à la réalité du terrain au lieu d’être, comme nombre de citoyens le leur reprochent, hors sol.