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Sur le terrain

Recrutement : Salesforce courtise les salariés partis pour en faire des « boomerangs »

Sur le terrain | publié le : 10.10.2022 | Caroline Crosdale

La direction du groupe Salesforce tient à maintenir le contact avec ses anciens salariés et leur fait savoir quand de nouvelles opportunités se présentent.

Sofiane Hamoumraoui, 29 ans, est ce qu’on appelle un employé boomerang du groupe Salesforce en France. Il fait partie de la communauté des salariés de l’entreprise californienne qui sont partis ailleurs pendant quelque temps puis sont revenus chez leur ancien employeur. Et en sont satisfaits. « Quelques mois après le début de la crise sanitaire, j’ai eu besoin et envie de changement », avoue l’ingénieur. C’est pourquoi il a rejoint Zoom, l’entreprise qui a permis à des millions de salariés de rester en contact au plus fort de l’épidémie. « Je voulais apprendre des choses nouvelles, poursuit-il. Mais au bout de deux ans, j’ai réalisé que l’herbe n’est pas toujours plus verte ailleurs. J’avais besoin de lien social, j’avais besoin de voir du monde, de participer à des événements et Zoom nous offre très peu d’occasions pour se réunir. »

Sofiane Hamoumraoui est donc revenu à ses premières amours : il est devenu ingénieur avant-ventes chez Slack, une start-up achetée par Salesforce en juillet 2021. Et ce retour chez son ancien employeur s’est révélé des plus faciles. Car il était resté en contact étroit avec la maison mère. « Il ne se passait pas une semaine sans que je n’échange avec quelqu’un travaillant chez Salesforce ou que je n’évoque les produits Salesforce », assure-t-il.

La direction du groupe californien fait en effet tout ce qu’elle peut pour maintenir les liens avec les anciens et éventuellement les faire revenir.

Une famille élargie

De fait, les partants ne sont pas considérés comme des traîtres. Au contraire, ils font partie de la famille élargie. Salesforce a créé un réseau d’anciens qui les tient informés des dernières actualités et des opportunités de travail. Mira Pitkin, directrice du recrutement, s’appuie pour ce faire sur une chaîne Slack, des podcasts et des blogs qui s’adressent aux fameux anciens. De même, ils reçoivent régulièrement une newsletter centrée sur les informations de Salesforce et s’ils le veulent, ils peuvent échanger avec d’autres ex-salariés sur LinkedIn. Mieux encore, les partants ont le droit de poursuivre les activités de volontariat extra-entreprise qu’ils avaient entamées chez Salesforce. Et ils gardent un accès gratuit à des plateformes digitales d’apprentissage, telle Trailhead, pour perfectionner leur savoir.

Bref, Salesforce aime ses anciens – et ceux-ci le lui rendent bien. C’est pourquoi ceux qui sont revenus racontent leurs aventures dans les séries Spotlight. Ainsi de Lien Ceulemans. Elle avait quitté Salesforce pour Google, à Londres. Mais elle s’ennuyait de sa famille. Quand ses anciens collègues l’ont appelée pour lui dire qu’un poste se libérait à Bruxelles, elle a fait ses valises. Adnan Chaudhry, lui, a connu Salesforce au tout début, quand il n’y avait que 2 000 employés et que « Marc » (le numéro un, Marc Benioff) était au bout du couloir. Il avait envie de retrouver cet esprit start-up et est donc parti pendant six ans – pour finalement revenir chez Slack Americas. En Inde, Kiran Kumar explique de manière diplomatique qu’il n’était pas d’accord avec l’orientation des leaders régionaux. D’où son départ. Mais deux ans plus tard, ses amis lui disent que la direction a changé. « Leur vision m’inspire », dit-il aujourd’hui, après son retour…

Les représentants de Salesforce n’ont pas pour l’instant mesuré l’impact du phénomène boomerang sur leur politique de recrutement. Ils se contentent de citer les statistiques de LinkedIn, montrant leur progression dans l’ensemble des entreprises présentes sur la plateforme. En 2010, 2 % seulement des nouveaux employés étaient des anciens de la maison, mais en 2021, le taux est monté à 4,3 %. La direction de Salesforce s’inscrit avec plaisir dans cette tendance en envoyant aux revenants une boîte de gâteaux ou un tee-shirt marqué d’un « Salesforce boomerang » dans le dos…

Une culture partagée

Ceux qui font le choix du retour retrouvent rarement le même poste. Et on ne leur fait pas de cadeaux. Ils doivent suivre le même processus d’embauche et d’intégration que les autres. Mais ils connaissent « nos valeurs et notre culture, note Patrice Taurel, porte-parole du groupe en France, et ils sont opérationnels de manière quasi immédiate ». « Je connais les produits Salesforce et les codes, confirme en effet Sofiane Hamoumraoui. Le fait que je sois très bien connecté via mes anciens collègues a été un plus. » Le jeune ingénieur revient donc « apaisé et serein », content d’en apprendre plus sur les nouveaux produits Slack et de renouer avec ses activités de bénévolat au sein du groupe…

Auteur

  • Caroline Crosdale