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Le travail, c’est la santé ?

Les clés | À lire | publié le : 10.10.2022 | Irène Lopez

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Le travail, c’est la santé ?

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Certains modes de gestion humaine sont délétères. Mais suffit-il de mieux former les managers ou d’en diminuer le nombre pour résoudre les problèmes de santé au travail qui y sont liés ? L’enquête « Entre management et santé au travail, un dialogue impossible ? », sous la direction de Quentin Durand-Moreau et Gérard Lasfargues, donne quelques pistes…

Les médecins du travail mettent désormais une boîte de mouchoirs sur leur bureau… Car les salariés pleurent, de plus en plus, lorsqu’ils évoquent leur quotidien. Ces médecins entendent fréquemment des salariés en situation de souffrance au travail dire « si l’on avait moins de directeurs, ça irait bien mieux dans la boîte », ou bien « mon patron est nul, il a besoin d’être formé »… Les contributeurs à l’opus « Entre management et santé au travail, un dialogue impossible ? » dénoncent l’effet pathogène de certains choix managériaux sur les salariés, mais l’ouvrage n’est pas un traité de management. Quentin Durand-Moreau, professeur adjoint de médecine du travail à l’université de l’Alberta (Canada), et Gérard Lasfargues, professeur de médecine et santé au travail à la faculté de santé de l’université Paris-Est Créteil, s’en défendent. « Il est difficile d’avoir des visions totalement alignées entre une salariée qui a ses propres mobiles – c’est-à-dire les raisons qui la poussent à s’extraire hors du lit le matin pour aller travailler –, un employeur qui doit faire tourner son entreprise et un professionnel de la santé au travail dont la mission est de contribuer à éviter toute altération de la santé des travailleurs du fait de leur travail. Rien de tout cela ne s’emboîte parfaitement », expliquent-ils. Dès lors, un véritable dialogue entre employés, employeurs et professionnels de la santé est-il possible pour transformer le travail ? L’enquête, abondamment illustrée d’exemples, souligne toute la complexité du sujet : le manager confronté à des ordres contradictoires, l’obligation de gains de productivité qui contrecarre le respect des règles de sécurité dans le BTP, etc. Étonnamment, certains salariés ne sont pas particulièrement préoccupés par leur propre santé au travail. En outre, là où le médecin du travail aurait tendance à vouloir supprimer le risque, le salarié peut y voir la suppression potentielle d’une prime qui participe de l’équilibre de son budget personnel… En conséquence, le médecin devient une menace pour le salarié, « qui peut vivre dans l’angoisse de perdre les revenus d’un poste auquel il s’accroche en dépit de ce que celui-ci génère comme problèmes de santé ». Autre piste : faut-il diminuer le nombre de managers pour résoudre les problèmes de santé au travail ? Non. Leur rôle est clé pour diffuser les messages de prévention et évaluer le degré d’application des consignes. « Une meilleure communication entre les différents acteurs suffit-elle ? », s’interrogent toutefois les contributeurs. À leurs yeux, les managers doivent pouvoir mieux faire et porter un regard critique sur leurs propres pratiques, acquérir une meilleure compréhension de l’environnement de travail et questionner les systèmes dans lesquels ils déploient leur activité.

Auteur

  • Irène Lopez