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Gestion RH : À la centrale de Saint-Avold, les salariés ont été rappelés

Le point sur | publié le : 03.10.2022 | N. T.

À la demande du gouvernement, le site a été relancé et l’entreprise GazelEnergie a dû convaincre ses anciens salariés de revenir.

Après six mois d’arrêt, la centrale à charbon Émile-Huchet de Saint-Avold (Moselle) doit reprendre cette semaine une activité à plein régime. Des primes entre 4 000 et 5 000 euros, une hausse des salaires de 5 %… La filiale du groupe tchèque EPH, GazelEnergie, propriétaire du site, a dû mettre la main au portefeuille pour que les anciens employés de la centrale thermique acceptent de revenir travailler.

Située au cœur de l’ancien bassin houiller lorrain, elle avait cessé son activité le 29 mars dernier, conformément à la loi énergie et climat de 2019 qui prévoyait l’arrêt des centrales à charbon d’ici fin 2022 dans le but de réduire les émissions de CO2. Quelque 84 salariés avaient alors quitté leur poste, dans le cadre d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). Depuis le 1er septembre, une soixantaine d’entre eux, qui bénéficiaient de mesures de reclassement ou de fin de carrière, sont de retour. Quatre retraités ont également été rappelés. La guerre en Ukraine et le risque de coupures d’électricité cet hiver ont poussé le gouvernement à demander à GazelEnergie de relancer le site, d’une capacité de 600 mégawatts. Face à l’urgence de la situation et l’impossibilité de former du personnel à ces métiers spécifiques dans des délais aussi courts, un article de la loi du 16 août sur les mesures d’urgence pour la protection du pouvoir d’achat a permis de recruter en CDD les salariés partis avec le PSE.

Frustrations

Plus d’une vingtaine ont cependant refusé de revenir, malgré les avantages proposés. « Ils étaient frustrés d’avoir dû cesser leur activité contre leur gré et tout compte fait, maintenant, ils se disent qu’ils ne veulent pas connaître des situations de tension, de stress parce que les effectifs ne seraient pas au complet », commente Jean-Pierre Damm, délégué syndical FO. « Dans nos équipes de conduite d’exploitation qui sont en roulement trois-huit, les effectifs ont été réduits de 42 à 30 par manque de salariés qui ont voulu revenir », détaille-t-il. Conséquence ? Selon le syndicaliste, certains postes ont été fusionnés, comme celui de chef de quart, qui supervise l’ensemble de l’installation, et de pilote des installations. « En théorie, pourquoi pas ? Mais lorsque vous êtes en situation de stress, vous ne pouvez pas faire les manipulations et en même temps penser aux conséquences de ces gestes sur le reste de l’installation », s’inquiète l’homme qui a passé cinquante ans sur le site et a connu plusieurs restructurations : 2003, 2009, 2015…

Que dit la loi du 16 août relative aux mesures d’urgence pour la protection du pouvoir d’achat ?

L’article 15 permet aux entreprises dont la fermeture était prévue par la loi énergie et climat de 2019 ayant mis en œuvre un PSE de « réembaucher, sur la base du volontariat, en CDD ou en contrat de mission, des salariés en congé de reclassement en cas de reprise temporaire d’activité pour faire face à des difficultés d’approvisionnement en énergie susceptibles d’affecter la vie de la nation ». Leur congé de reclassement est ainsi suspendu. Par ailleurs, ces contrats peuvent être renouvelés dans la limite d’une durée totale de trois ans sans délai de carence entre deux contrats. Ces dispositions ne sont applicables qu’aux contrats conclus à compter du 1er juillet 2022 et jusqu’au 31 décembre 2023.

Auteur

  • N. T.