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Au Canada, des entreprises aident les salariés à payer leurs prêts étudiants

À retenir | publié le : 03.10.2022 | Ludovic Hirtzmann

woman with stack of books and piggy bank full of debt rethinking

Il y a dix ans, les étudiants québécois se sont révoltés contre la hausse des frais de scolarité. Ce fut le « printemps érable ». Dans un pays où les habitants sont plutôt tranquilles, le mouvement avait surpris par sa durée – plusieurs mois – et par son ampleur. Il s’était soldé in fine par la défaite électorale du parti libéral alors au pouvoir. Reste que le coût des études, au Québec comme dans l’ensemble du pays, n’a pas baissé ces dernières années… Certains étudiants, faute de moyens suffisants pour continuer, abandonnent leur cursus prématurément. D’autres, nombreux, ne voient qu’une solution : contracter un prêt bancaire. Au point que l’encours de ces emprunts atteint aujourd’hui quelque 28 milliards de dollars canadiens (plus de 20 milliards d’euros) – pour le plus grand bénéfice des institutions financières. Mais au détriment des étudiants qui terminent leurs études, criblés de dettes… Certains, ne pouvant pas rembourser, vont même jusqu’à se déclarer en faillite personnelle. Conscientes que ces emprunts à rembourser sont un vrai poids, de nature à perturber le début de carrière des jeunes salariés, certaines entreprises ont décidé de les aider à rembourser. En faisant appel à des cabinets de planification financière spécialisés ou en contribuant directement au remboursement.

Réduire le stress

C’est le cas de Dillon Consulting, une société de consultants de Halifax, en Nouvelle-Écosse, qui a pris des mesures pour résoudre le problème. « Chez Dillon Consulting, les employés peuvent rembourser leur dette étudiante en utilisant les cotisations de l’employeur au régime de participation différée aux bénéfices de l’entreprise », note l’agence Presse canadienne, à qui Tanya Cross, la porte-parole de Dillon Consulting, a confié : « En écoutant nos employés, nous avons constaté que le stress que peuvent causer les prêts étudiants a un impact sur le bien-être général de l’entreprise. » À l’instar des autres sociétés canadiennes qui prennent ce type d’initiative, Dillon Consulting, qui compte plus de 1000 collaborateurs, a confié la gestion du remboursement de la dette étudiante de ses salariés à une entreprise de planification financière, Smart Benefit. Grâce à ce système, le salarié n’intervient plus dans la gestion des paiements. Smart Benefit fait l’interface avec les créanciers de l’ancien étudiant endetté. Mieux, d’ordinaire de plus de dix ans, le calendrier des remboursements est réduit à cinq ans. D’autres entreprises canadiennes choisissent, elles, de verser chaque mois une somme en plus de la mensualité que le travailleur paie. S’il n’existe pas de chiffres sur le nombre d’entreprises aidant ainsi leurs employés, cette tendance, très récente, est, de l’avis des spécialistes, encore minoritaire dans le pays. Mais elle pourrait se développer. Selon Smart Benefit, 56 % des étudiants, dont 60 % de femmes entrant sur le marché du travail, ont des dettes. L’assistance financière aux ex-étudiants présente en effet bien des avantages pour les employeurs, notamment celui d’attirer des candidats, de les motiver, d’accroître leur productivité et de les fidéliser, dans un contexte de forte pénurie de main-d’œuvre. Selon Smart Benefit, 69 % des employeurs peinent à garder leurs employés, d’autant plus que le Canada, en situation de plein-emploi, compte plus d’un million de postes vacants, pour 38 millions d’habitants.

Auteur

  • Ludovic Hirtzmann