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Sur le terrain

Recrutement : Les transporteurs canadiens multiplient les initiatives pour attirer des candidats

Sur le terrain | publié le : 26.09.2022 | Ludovic Hirtzmann

La pénurie de chauffeurs est telle que certaines entreprises font de la surenchère sur les salaires et les avantages sociaux, quand ils ne promettent pas aux candidats qu’ils rentreront chez eux tous les soirs…

Le secteur du transport routier, dans cet immense pays qu’est le Canada, est l’un des plus touchés par la pénurie de main-d’œuvre. Il manque aujourd’hui quelque 23 000 chauffeurs et ce chiffre devrait doubler d’ici deux ans, estiment plusieurs associations de camionnage. « On cherche des employés et on ne les trouve pas », confiait récemment Sylvette Lemieux, copropriétaire de Transport F. Roussel, une PME de 31 salariés, au Journal de Montréal. Au point que cette pénurie de chauffeurs a pour conséquence de limiter la croissance de l’entreprise.

« Beaucoup de gens sont coincés dans des emplois au revenu minimum et les frais de formation, de 8 000 dollars canadiens (plus de 6 000 euros), pour un permis poids lourds, sont trop durs à payer », expliquait pour sa part Gus Rahim, le président d’Ontario Truck Driving, à Radio-Canada. Et la crise Covid n’a rien arrangé… Les démissions, notamment en raison de la vaccination obligatoire pour passer aux États-Unis, ont été nombreuses. En outre, selon les recherches de l’association Trucking Human Resources Canada, les jeunes conducteurs de camions étaient plus susceptibles d’être licenciés pendant la pandémie. Beaucoup se sont donc découragés et ont quitté complètement le secteur. En conséquence, en janvier 2021, la population active des jeunes conducteurs avait diminué de 38 % sur un an…

Désintérêt des jeunes

Non seulement les transporteurs ont perdu une partie de leurs chauffeurs, mais en plus, la profession n’intéresse plus la jeunesse. Plus du tiers des camionneurs canadiens ont plus de 55 ans. « Beaucoup de ceux qui se lancent dans ce métier entament une seconde carrière. Ils sont un peu plus âgés, de 40 à 65 ans, et ce sont eux les nouveaux venus dans l’industrie de nos jours », commentait Gus Rahim. Alors que le taux de chômage se situait à 4,9 % en juillet dans l’ensemble du pays et à 4,1 % au Québec, les jeunes ont en effet le choix et optent pour des emplois moins fatigants et mieux rémunérés que celui de camionneur.

Les transporteurs font donc feu de tout bois pour attirer des candidats. Certains transporteurs mettent en avant une flotte de camions récents. D’autres, à l’instar du géant Costco, garantissent des pauses de 30 minutes pour les repas. Le Québécois Transports Morin promet aux chauffeurs d’être chez eux tous les soirs… Le groupe Hector Larrivée, lui, offre une prime de bienvenue de 4 000 dollars (environ 3 000 euros), de même qu’une « embauche rapide, un bon salaire et des primes », sans oublier « le respect, l’écoute, la flexibilité et la stabilité »… Mais il ne paie ses chauffeurs-livreurs que 18 dollars de l’heure (un peu moins de 14 euros), soit trois dollars de plus que le salaire minimum… Une autre société de transport ne propose que 24 dollars de l’heure pour conduire, charger et décharger et être disponible de 6 heures à 18 heures. Le cabinet d’intérim Quantum veut pour sa part séduire les camionneurs avec ce cadeau : « Recommandez une personne embauchée pour un poste permanent et gagnez jusqu’à 1 000 dollars. » L’un des vétérans du camionnage canadien, le Groupe Robert, ne demande plus qu’une année d’expérience aux aspirants routiers.

En outre, dans un milieu traditionnellement masculin (il n’y a que 3 % de camionneuses au Canada), l’entreprise de 3 300 employés mise sur la diversité et courtise désormais les Autochtones, les femmes, les minorités visibles ou ethniques et les personnes handicapées, qui sont tous « toujours les bienvenus à poser leur candidature, car chez Groupe Robert, la diversité de nos employés nous rend encore plus forts ! », assure le transporteur. Enfin, pour mettre toutes les chances de recrutement de son côté, le groupe a créé sa propre division de chasseurs de têtes. Quant à la société de transports québécoise Jacques Auger, elle a lancé une publicité : « Tu cherches une job “fuel” le fun ? Rejoins l’équipe Transports Jacques Auger. Nous embauchons », invite-t-elle sur le site truckstopquebec.com. Et l’annonce de ce site Internet spécialisé de préciser les avantages : horaire de quatre jours, assurance collective et régime d’épargne retraite via un fonds de pension, rémunération forfaitaire de 25 dollars de l’heure minimum. Et trois semaines de vacances après trois ans…

Si l’industrie du camionnage demande des aides au gouvernement pour financer des formations, elle souhaite aussi de plus en plus recruter des camionneurs étrangers.

Auteur

  • Ludovic Hirtzmann