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Concarneau en route vers la labellisation TZCLD

Le point sur | publié le : 19.09.2022 | Dominique Perez

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Reportage : Concarneau en route vers la labellisation

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Ateliers jardin ou bricolage, informatique, livres… Les personnes au chômage longue durée de l’agglomération de Concarneau sont invitées à participer collectivement à des activités qui leur permettent de renouer un lien social et surtout, de participer à l’élaboration de leur futur emploi potentiel.

Rendez-vous au jardin. Ici, au cœur de Kerandon, quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV), à Concarneau (Finistère), on sème, on récolte et on cultive les échanges, dans un jardin dit partagé, dont une parcelle a été mise à disposition par le centre social La Balise. Yves Romaire a ainsi trouvé, au pied de son immeuble, de quoi exploiter ses connaissances en jardin biologique et surtout, une occasion rêvée de se remettre dans la course. Il est le référent et l’animateur de l’atelier jardin, l’une des activités proposées par l’association Concarnagglo-TZCLD. À 59 ans, Yves se désigne lui-même comme « le cas typique des personnes concernées par la démarche », sourit-il. Après une vie professionnelle dense, dans la restauration, notamment, où il a pu diriger des équipes, il « craque » face à la pression de son dernier job. Et peu à peu, « tombe » dans le chômage longue durée. Un jour, il est appelé pour faire partie d’une aventure dans laquelle il s’embarque avec enthousiasme. « J’ai été tout de suite emballé par le projet TZCLD, qui est pour moi une occasion d’échanges incroyables avec des gens en difficulté et représente un espoir pour nous tous », dit-il. Deux fois par semaine, il accueille qui veut aider « en fonction de ses envies et de ses possibilités physiques ».

Un consensus sur la démarche

Le jardin est ainsi devenu l’un des ateliers pivots de la démarche dans laquelle s’est officiellement engagée Concarneau en 2021, « sous l’impulsion de la société civile », précise Pierre Le Gars, militant CFDT, l’un des initiateurs et fondateurs du projet, également coprésident de l’association. Cette ville portuaire et son agglomération (environ 60 000 habitants au total) « ont fortement souffert de la désindustrialisation, indique-t-il, laissant sur le carreau nombre de travailleurs peu qualifiés, au chômage depuis plusieurs années et qui se sont peu à peu enkystés » dans une situation à laquelle peu d’issues semblaient possibles, apparemment. En décembre 2021, le message est passé. Les nouveaux élus de l’agglomération réunissent tous les partenaires de l’emploi et de la réinsertion – associations, structures d’insertion… Les entreprises sont également démarchées et « un consensus se fait sur la possibilité de s’engager dans la démarche TZCLD, explique Pierre Le Gars. Le vote de la seconde loi, qui prévoit l’engagement de 50 territoires supplémentaires, a certainement rassuré les élus ». Le périmètre est défini : le grand centre-ville, les QPV et toutes les zones d’activités. Une gouvernance tripartite agglomération-ville-associations du CLE (comité local pour l’emploi) est définie et l’agglomération recrute une cheffe de projet. Première étape : trouver un lieu d’accueil et imaginer des activités pour fédérer les demandeurs d’emploi concernés, leur présenter le projet et, en respectant l’un des principes de base du programme, identifier leurs besoins et leurs envies pour définir avec eux des activités nouvelles sur le territoire.

40 personnes répondent à l’appel

Avec d’abord des tractages intensifs, des discussions informelles sur les marchés, au forum des associations, dans les immeubles, sur les réseaux sociaux, dans les associations… « Certaines personnes ne se rendent même plus aux convocations de Pôle emploi », constate Yves Romaire, amené notamment à présenter le projet aux conseillers Pôle emploi du territoire, qui, peu à peu, informent également sur la démarche. Rendre visibles les invisibles, leur donner l’occasion d’échanger sans contrainte, leur offrir un espoir, tel est le but premier. Quelque 40 personnes concernées, au chômage depuis deux ans minimum, répondent à l’appel. La mairie de Concarneau met à disposition un local, Place de la mairie, point de rencontre central. Une véritable ruche en ce jour de rentrée. « Il n’y a aucune contrainte, explique Lisa Le Run, cheffe de projet. Les personnes peuvent juste venir boire un café, avoir un entretien sur leur situation avec les membres de l’association présents, participer à l’un des ateliers proposés (bricolage, informatique, bibliothèque, boîte à livres…). » Benoît, 56 ans, ancien aide médico-psychologique au chômage depuis deux ans à la suite de difficultés personnelles, s’attable devant un café. « Pour moi, c’est une revanche sur la vie. J’ai pu proposer un service pour favoriser la mobilité des personnes qui doivent se rendre à des rendez-vous médicaux, institutionnels… Pour le moment, je donne un coup de main bénévole, mais mon vœu le plus cher est de pouvoir intégrer l’entreprise à but d’emploi (EBE) si le projet est labellisé. Mais déjà, j’ai retrouvé une vie sociale et le goût de participer… », dit-il. En attendant, il rend déjà des services et se forme à l’informatique avec Pierre Montfort, autre coprésident de l’association, adhérent du Secours catholique, ex-responsable de ressources humaines d’un groupe industriel aujourd’hui à la retraite, qui anime l’atelier. « Nous récupérons des PC, nous les réparons et les donnons aux personnes en difficulté sociale avérée », précise-t-il. Parallèlement, Pierre Montfort reçoit en entretien toute personne cherchant une solution d’emploi et de formation. Certaines, comme Yves ou Benoît, ont le désir d’être salariées de la future EBE. Mais dix personnes ont déjà, grâce à un accompagnement de l’association, trouvé une solution d’emploi ou/et de formation. Pour les autres – « celles pour lesquelles il n’y a pas de solution immédiate », précise Lisa Le Run –, l’EBE peut représenter un véritable espoir, dans des domaines d’activité qui font l’objet actuellement d’études de marché. « L’une de transformation de fruits et légumes locaux pour alimenter notamment la cuisine centrale de la ville, détaille-t-elle, une filière de réemploi de matériel sur le port et en déchèterie, une activité de services aux particuliers – petits dépannages, accompagnement des personnes dans leurs mobilités, et de l’agriculture urbaine… » Deux à trois ans, c’est le temps de maturation et de préparation minimum avant de pouvoir candidater, estime Lisa Le Run. « Nous présenterons notre projet en juin 2023 », dit-elle. Avec un espoir évident…

Auteur

  • Dominique Perez