Le gouvernement fédéral allemand travaille à une nouvelle loi qui permettrait aux travailleurs étrangers qualifiés de s’installer plus facilement dans le pays pour y chercher un emploi, mais aussi, selon la presse, d’obtenir la citoyenneté allemande au bout de trois ans seulement de séjour et de travail sur place. L’Allemagne, qui fait face à une grave pénurie de talents, veut, avec cette nouvelle stratégie, devenir un pays d’immigration compétitif, y compris pour les professionnels qualifiés, selon le ministère du Travail.

Récemment, lors d’un sommet à Berlin, les autorités ont présenté une ébauche du projet devant des patrons, des élus et des associations, dans le but de nourrir le débat sur les mesures à prendre pour avoir raison de cette pénurie. « Pour certaines entreprises, le recrutement de personnel qualifié est une question de survie, a ainsi déclaré le ministre fédéral du Travail, Hubertus Heil. Il y va de leur transformation numérique et de leur action dans la lutte contre le dérèglement climatique, notamment. » Il n’a toutefois pas mentionné la possibilité envisagée pour ces travailleurs qualifiés étrangers de devenir citoyens allemands au bout de trois ans, comme la presse l’a rapporté… Toujours est-il que si certains professionnels viennent en Allemagne puis en repartent, c’est, selon les experts, parce qu’ils ne voient pas, à long terme, de réelles opportunités d’intégration, tandis que les non-qualifiés font carrément face à des problèmes d’exclusion voire de racisme… À l’image du Canada, l’Allemagne veut donc créer un système à points, transparent, qui permettrait d’accélérer les recrutements et serait introduit dans les mois qui viennent, sous la forme d’une « carte d’opportunité ». Cette carte – un permis de séjour et de travail – permettrait à tous les étrangers qui ont un diplôme, parlent l’allemand ou travaillent déjà dans le pays, ont trois ans d’expérience et sont âgés de moins de 35 ans, de travailler en Allemagne.

Selon une étude publiée récemment par l’Institut de recherche économique de Cologne, entre juillet 2021 et juillet 2022, il manquait plus d’un demi-million de travailleurs qualifiés dans le pays. En outre, l’économie doit se préparer au départ à la retraite de quelque 13 millions de baby-boomers dans les 15 prochaines années. Et même si tous les jeunes rejoignaient le marché de l’emploi après leur formation, cela ne suffirait pas à combler le déficit, selon les statistiques officielles. « Nous devons nous promouvoir comme un pays cosmopolite, ouvert à l’immigration et capable d’offrir des emplois intéressants et de haut niveau », a conclu le ministre du Travail.