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Bien-être : Le sport au travail gagnerait à devenir une priorité

Tendances | publié le : 12.09.2022 | Adeline Raynal

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Bien-être : Le sport au travail gagnerait à devenir une priorité

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Seules 18 % des entreprises proposent une activité physique à leurs collaborateurs, selon un récent rapport parlementaire. Pourtant, comme les grands sportifs, les salariés auraient intérêt à s’échauffer pour commencer la journée du bon pied et conserver une bonne santé physique et mentale… Inciter au sport, voici une bonne résolution à prendre de la part des DRH en cette rentrée…

7 h 15 précises, bloc de cardiologie interventionnelle de la clinique Pasteur à Toulouse : l’ambiance est légère. Cinq minutes durant, musique entraînante et éclats de rire se font entendre. Chaque matin (ou presque) depuis l’automne 2021, infirmières, brancardiers, agents de nettoyage, anesthésistes, aides-soignantes et cadres du service se réunissent pour une séance d’échauffements. « Les kinésithérapeutes de la clinique nous ont fourni des petits films pour nous guider sur les bons mouvements et quand j’ai dit à l’équipe que nous étions autorisés à mettre de la musique, j’ai eu plein de volontaires ! », sourit Isabelle Deltour de Chazelles, la cheffe de bloc opératoire à l’origine de cette initiative. La séance est animée à tour de rôle et 25 personnes se réunissent ainsi pour commencer la journée du bon pied. « Les infirmières du bloc doivent porter des tabliers de plomb qui pèsent plus de 10 kg, de même qu’un cache-thyroïde plusieurs heures par jour pour se protéger. L’an dernier, nombreuses sont celles qui souffraient des épaules. Ma sœur travaille chez Hermès à la confection des carrés de soie et m’a raconté que tous les matins, une séance d’exercices musculaires est obligatoire durant 5 à 10 minutes afin de se mettre en forme. Je me suis dit que nous pourrions essayer nous aussi », explique-t-elle.

Si un sportif professionnel n’envisagerait pas de s’entraîner sans s’échauffer, le réflexe devrait être le même pour toutes les professions exigeantes pour le corps. Et pour les salariés sédentaires devant un ordinateur aussi, l’activité physique et sportive a de nombreux bienfaits. « On définit la sédentarité d’un salarié en fonction du temps passé dans la journée avec un niveau de dépense énergétique très faible. Ainsi, on considère qu’une personne qui reste assise plus de 6 à 7 heures par jour est très sédentaire, même si elle pratique une activité sportive en dehors de ses heures de travail », explique Xavier Bigard, membre de l’Académie nationale de médecine et coordinateur d’un rapport paru en avril dernier et intitulé : « Activités physiques et sportives au travail, une opportunité pour améliorer l’état de santé des employés ». Et de prévenir : « Pour corriger les effets néfastes de la sédentarité sur la santé, un footing de 30 minutes tous les trois jours ne suffit pas… » Et plus une personne reste inactive durant sa journée de travail, plus elle doit pratiquer une activité sportive régulière pour compenser les effets néfastes de cette sédentarité.

De nombreuses études ont démontré les bienfaits du sport sur la prévention des maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2, l’obésité… Les avantages concernent aussi la santé mentale. Le sport permet en effet de lutter contre la dépression et l’anxiété et aide à maintenir les capacités cognitives. « Il permet même de prévenir un syndrome de dépassement psychologique comme le burn-out », souligne Xavier Bigard.

Cohésion d’équipe

« Depuis que nous faisons nos séances de réveil musculaire, j’entends moins parler de problèmes d’épaules, mais je sens surtout que cela renforce la cohésion d’équipe. C’est gai de commencer la journée en musique et en rires. Les soignants sont épuisés, nous sommes arrivés à une telle saturation… Je suis persuadée que ces 5 minutes le matin jouent sur la santé mentale des équipes », confirme Isabelle Deltour de Chazelles, la cadre de santé toulousaine.

Les entreprises ont donc tout intérêt à encourager leur personnel à la pratique sportive, pour leur santé comme leur efficacité. Pourtant, d’après un rapport de deux députés publié il y a quelques mois, seules 18 % des entreprises proposent une activité physique à leurs collaborateurs… « Quand je m’exprime devant des dirigeants d’entreprise, il y a consensus sur l’importance de l’activité physique au travail, mais ensuite, ils baissent souvent les bras devant des difficultés matérielles, logistiques : cela ne coûte pas forcément cher, mais il faut trouver les personnes ressources, créer des douches… », ajoute Xavier Bigard.

Autant de petits efforts qui seraient également bénéfiques pour l’économie. « Lutter contre la sédentarité a un intérêt pour la santé du salarié, mais aussi un intérêt économique pour l’entreprise qui l’emploie », souligne le médecin. En effet, d’après une étude de 2015 publiée par le Medef, la pratique régulière d’une activité sportive en milieu professionnel réduit de 5,6 % l’absentéisme – qui coûte chaque année 60 milliards d’euros et correspond à 17,2 jours d’absence par salarié – et diminue également les dépenses de santé de plus de 300 euros par an et par personne. La productivité, elle, ferait un bond de 6 % à 9 %.

Jouer collectif

Quelques groupes l’ont bien compris et prennent des initiatives pour faire bouger leurs salariés. Chez Decathlon, la pause déjeuner dure 2 heures pour avoir le temps de faire du sport. Un industriel breton, le groupe Roullier, a fait édifier un bâtiment de 3 400 m2 au bénéfice des 600 adhérents de l’association sportive historique du groupe, avec salle omnisports, salle de cardio-fitness, etc. Mais même sans avoir plusieurs milliers de salariés, les TPE et PME peuvent aussi encourager à l’activité physique. « Pour s’échauffer ensemble, il n’y a rien à acheter. Il faut juste un peu d’espace et un peu de motivation », s’exclame Isabelle Deltour de Chazelles.

Et les PME gagneraient aussi à jouer collectif. « Elles peuvent se mettre en réseau pour répartir les coûts de recrutement d’un éducateur sportif quelques heures par semaine, investir dans un peu de matériel, voire négocier des abonnements dans des salles de sport », suggère Xavier Bigard. Pour les salariés qui occupent déjà un poste exigeant physiquement, l’Académie nationale de médecine préconise le yoga ou le qi-gong. Pour ceux qui sont au contraire trop sédentaires sur leur chaise, l’institution oriente vers du volley, du rugby à toucher, peu risqués pour les articulations, ou de la marche nordique. Bref, il y en a pour tous les goûts. Il n’y a plus qu’à enfiler sa tenue…

Auteur

  • Adeline Raynal