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Emploi : Les Autocars Schidler tentent de faire face à la pénurie de chauffeurs scolaires

Sur le terrain | publié le : 12.09.2022 | Pascale Braun

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Emploi : Les Autocars Schidler tentent de faire face à la pénurie de chauffeurs scolaires

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L’autocariste mosellan, fortement touché par un manque de chauffeurs de cars scolaires particulièrement criant dans le Grand Est, espère attirer de nouvelles recrues avec un coup de pouce sur le salaire et des avantages en matière de logement. Mais ces arguments portent peu face à la concurrence luxembourgeoise…

Une fois encore, le patron, son frère, le mécanicien et la secrétaire vont prendre le volant… Dans la famille Schidler, autocariste depuis trois générations, on ne laisse pas un écolier sur le trottoir. En cas de force majeure, les ressources humaines internes des Autocars Schidler, une société de 70 personnes basée à Metz, se débrouillent pour faire face à l’urgence. Mais ces stratégies ne suffisent pas, d’autant que deux chauffeurs viennent de démissionner pour partir travailler au Luxembourg, où ils gagneront 1 000 euros net de plus par mois…

« En septembre 2021, j’ai augmenté l’ensemble des salaires de 5 %. Au premier septembre de cette année, j’ai majoré la rémunération horaire de mes chauffeurs de 50 centimes. Ce coup de pouce est déjà mieux que rien, mais cela ne suffira pas face à la concurrence du Luxembourg », soupire Thierry Schidler, dirigeant des Autocars Schidler. Tandis que la pandémie réduisait de moitié le chiffre d’affaires, Les Autocars Schidler ont perdu dix personnes en deux ans au sein de l’effectif. La crise sanitaire a en effet conduit plusieurs chauffeurs à bifurquer vers d’autres métiers ou d’autres secteurs. Et les conducteurs de cars de tourisme, contraints à l’immobilisme, mais peu enclins à se rabattre sur les petites tournées scolaires, ont souvent préféré le transport routier, très demandeur et mieux rémunéré. Désespérant de trouver de nouveaux candidats dans une région où les chauffeurs de car sont devenus des perles rares, le chef d’entreprise a étendu sa prospection à d’autres régions. Également administrateur du bailleur social Batigère, il espère ainsi faire venir un jeune couple du nord de la France en lui proposant des facilités de logement…

Commune à toute la France, la pénurie de chauffeurs est exacerbée dans le Grand Est du fait de la proximité de pays limitrophes – l’Allemagne et le Luxembourg – tout aussi demandeurs. Au début de l’été, le conseil régional du Grand Est évaluait à 287 le nombre de chauffeurs nécessaires pour assurer les dessertes scolaires dans de bonnes conditions.

Campagne de recrutement régional

Une campagne de recrutement estivale a permis de faire émerger 547 candidatures, dont la moitié émanant de candidats qualifiés : 35 % d’entre eux sont titulaires du permis D et 19 % d’entre eux présentent également la formation initiale minimum obligatoire (Fimo) indispensable pour pouvoir prendre le volant d’un car. Le Grand Est a par ailleurs inscrit les métiers du transport à son programme régional de formation et financé 150 places de formation depuis le début de l’année, auxquelles s’ajouteront 140 places entre la mi-septembre et décembre prochain.

« La région s’implique indéniablement, mais peut-être un peu tard. En 2019, déjà, nous tirions la sonnette d’alarme, car la pyramide des âges de notre profession laissait craindre un manque de personnel », indique Thierry Schidler. Également président de la chambre syndicale des transports en Moselle, le dirigeant demande aux autorités régulatrices des transports des bonus qui permettraient de mieux rémunérer les conducteurs de cars scolaires. La région, qui a déjà provisionné une aide de 20 millions d’euros pour compenser l’augmentation du prix des carburants en 2023, n’a pas encore donné suite… De même, l’inscription d’une augmentation des barèmes dans la convention collective ne fait pas l’unanimité parmi les entreprises de transport, soucieuses de rétablir leurs marges.

Pendant ce temps, l’hémorragie de chauffeurs mosellans qui partent vers le Luxembourg se poursuit. Au Grand-Duché, la réorganisation des transports a fait passer les effectifs de la profession de 3 100 chauffeurs en 2020 à 3 500 en 2021. Les recrutements deviennent difficiles, en dépit de rémunérations comprises entre 3 458 euros et 4 200 euros pour un chauffeur titulaire du permis D. Pour les employeurs luxembourgeois, la tentation est forte de débaucher des chauffeurs en Lorraine, voire de recruter des jeunes fraîchement émoulus des formations du Grand Est. Mais même ce vivier de proximité ne suffit plus : les adhérents de la Fédération luxembourgeoise des exploitants d’autobus et d’autocars vont parfois chercher de nouvelles recrues jusqu’en Île-de-France, voire en Espagne.

Auteur

  • Pascale Braun