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Sur le terrain

Égalité : GM Canada fait la part belle aux femmes

Sur le terrain | publié le : 12.09.2022 | Ludovic Hirtzmann

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Égalité : GM Canada fait la part belle aux femmes

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Une nouvelle usine d’assemblage automobile de General Motors en Ontario, à la pointe de la technologie, mise sur des embauches féminines, dans un milieu traditionnellement masculin.

Fermée en pleine pandémie de Covid-19 pendant de longs mois, entre 2020 et début 2022, une première en un siècle d’existence, l’usine General Motors d’Oshawa, en Ontario, est désormais repartie sur de nouvelles bases. Parmi les bonnes résolutions pour la relance, le recrutement de 2 600 personnes, dont la moitié de femmes, pour cette unité de haute technologie, où les ouvriers assemblent des pick-up électriques Chevrolet Silverado. Si le constructeur veut inverser la tendance, très masculine, dans ce secteur, ce n’est pas par hasard. Conscient depuis une dizaine d’années que l’égalité salariale est en marche et qu’en outre, les femmes influencent 85 % des achats d’automobiles et achètent 62 % des nouvelles voitures vendues aux États-Unis, selon le site Internet cars.com, il a décidé de les attirer. De diverses manières. Au-delà des embauches, GM Canada offre, par exemple, à travers son réseau de concessionnaires, des bourses d’études aux femmes pour compléter leur formation. Et d’ailleurs, si les femmes sont désormais plus nombreuses chez GM Canada, ce n’est qu’un juste retour des choses. La Canadienne Mary Turner, employée de GM Canada pendant la Seconde Guerre mondiale, a ainsi laissé un témoignage au Musée canadien de l’automobile sur cette période : « Je dirais que la moitié des ouvriers de GM étaient des femmes […]. Cela ne posait pas de problèmes que des femmes mariées travaillent, cela ne semblait pas faire de différence du tout. Ils l’acceptaient comme mesure de guerre. » Une autre époque…

Nouvelles recrues

Alors qu’elle dirigeait auparavant une salle d’escape games, Adriana Wilkinson a été récemment embauchée pour travailler sur une chaîne de montage, à Oshawa. « Je ne savais même pas comment tenir un marteau avant de venir chez GM. Je n’aurais jamais cru que je travaillerais dans l’automobile. J’aime cela », a-t-elle déclaré au quotidien de référence The Globe and Mail. Et elle est même allée jusqu’à dire que ce travail avait changé sa vie… Toutes les nouvelles recrues ne sont pas aussi enthousiastes, cependant. Certaines craignent notamment pour la pérennité de leur emploi. Surtout en ces temps incertains. Et elles se souviennent que le secteur automobile canadien avait été très affecté par la crise de 2008. La plupart des constructeurs en avaient alors profité pour licencier des cols-bleus expérimentés, recevant des salaires élevés et couverts par de généreux plans de retraite. Puis, la crise passée, les constructeurs avaient réembauché, mais des juniors, à un salaire moindre et sans les avantages passés. Et déjà, certaines femmes licenciées en 2020, lorsque l’usine GM d’Oshawa a fermé au moment de la pandémie, ont elles aussi été réembauchées à des salaires moins élevés… Autant dire qu’elles sont traitées comme les hommes…

Un domaine stratégique

Toujours est-il que les femmes sont encore sous-représentées dans le milieu de l’assemblage automobile nord-américain. Au Canada, elles ne constituent que 23 % des effectifs de cette industrie. En s’y faisant une place, les femmes peuvent ainsi espérer participer pleinement à un secteur clé de l’industrie canadienne. Au même titre que Détroit, dans le Michigan, est le fief de l’automobile aux États-Unis, la région de Toronto, en Ontario, l’est pour le Canada. Et l’industrie automobile joue un rôle essentiel pour le reste de l’économie, aussi bien canadienne qu’américaine. Selon l’organisme Investissements Ontario, la province est le deuxième plus grand territoire de production automobile en Amérique du Nord derrière le Michigan, avec 1,9 million de voitures assemblées en 2019 (derniers chiffres disponibles). L’Ontario compte plus de 700 fournisseurs de pièces automobiles et emploie 500 000 personnes, dont 130 000 directement. Et la production canadienne représente 13 % de tous les véhicules produits en Amérique du Nord. Enfin, avec plus de 80 % des véhicules made in Canada envoyés aux États-Unis, c’est aussi un élément de poids dans la balance commerciale avec le grand voisin du sud.

Auteur

  • Ludovic Hirtzmann