Une vocation ? Occupés qu’ils sont à vivre les changements qui s’opèrent en eux, les jeunes n’en ont pas forcément une d’emblée. Certains ont au contraire des envies multiples, pas toujours conciliables entre elles, et la plupart n’ont, quelles que soient les informations dont ils disposent, voire les projections de leur famille, qu’une vision parcellaire de la réalité du monde du travail. D’où l’intérêt de faire appel à un mentor pour y voir plus clair. Certaines plateformes, souvent en association avec les initiatives gouvernementales en faveur de l’orientation des jeunes, dont 1 jeune 1 mentor, JobIRL, le mentorat.fr, Dema1n.org d’Article 1, Télémaque… proposent ainsi aux jeunes de trouver des conseils extérieurs, prodigués par des professionnels déjà de plain-pied dans le monde du travail. « Il n’y avait pas Parcoursup à mon époque, mais je me souviens de mon expérience, lors de mon DESS de sciences éco, il y a plus de 20 ans, et j’avais envie de partager et d’aider des jeunes », déclare ainsi Sylvie Larrieu, Risk Manager chez BNP Paribas Personal Finance. En outre, elle a des enfants, qui viennent de passer par cette délicate période d’orientation. Elle s’est donc portée volontaire via la plateforme JobIRL.

« Je faisais des recherches sur Internet et je suis tombée par hasard sur du mentorat. Je n’en avais jamais entendu parler, mais je me suis dit que des gens qui avaient déjà fait des choix pour leurs études pourraient m’aider », raconte de son côté Iuliana Mireuta. A l’époque, la jeune fille était lycéenne à Sainte Maxime (Var). Et elle hésitait. A la suite d’un stage dans un cabinet d’avocats, elle s’intéressait certes au droit – et était en cela soutenue par ses parents – mais aimait bien aussi les maths, l’économie, les langues étrangères…

Premiers appels et premières discussions entre mentor et mentorée. Mais pas question pour Sylvie d’imposer quoi que ce soit à Iuliana. « L’idée est d’aider le jeune à faire émerger ses envies profondes, mais aussi de détecter ses auto-contraintes, qu’elles soient dues à la famille ou à un manque de confiance, et de lui dire aussi que rien n’est irrémédiable, même une mauvaise décision de départ, et qu’il ou elle peut tout envisager, histoire de ne rien regretter après, le tout en prenant évidemment en compte le parcours scolaire et la réalité du monde du travail. Bref, il s’agit de lui ouvrir tous les possibles, pour faire des choix en pleine conscience », explique-t-elle. « Même si j’avais de bonnes notes au lycée, je n’avais pas confiance en moi, enchaîne Iuliana. Mes parents ne savaient pas quoi faire pour m’aider et Sylvie m’a donné une certaine forme de liberté pour envisager mon avenir. »

Le duo entame donc le parcours du combattant qu’est Parcoursup. Iuliana explore des orientations très différentes, se renseigne sur les enseignements dans diverses universités, envisage une prépa, rédige ses lettres de motivation – sous la houlette bienveillante de Sylvie. « Et elle a quasiment tout eu ! », se félicite la mentor. Iuliana a finalement décidé de s’inscrire en double licence droit et gestion à l’université d’Aix-en-Provence. « Et même si je ne fais qu’un semestre ou une seule année, même si je rate, j’aurais appris quelque chose de cela », dit-elle, en droite ligne avec la philosophie distillée par Sylvie…

Le duo a d’ailleurs décidé de poursuivre ses contacts. « J’aime la compagnie de Sylvie et son aide m’est précieuse », explique simplement Iuliana. Sylvie, elle, souligne qu’au-delà de l’impact qu’un mentor peut avoir sur un jeune pour son avenir professionnel, la gratification qu’elle a éprouvée à faire du mentorat est sa motivation première…