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Préparer la relève

« Notre but est d’aider les jeunes à découvrir les filières d’avenir »

Préparer la relève | publié le : 29.08.2022 | Adeline Raynal

 

Christelle Meslé-Génin a créé la plateforme JobIRL, qui permet à des milliers de jeunes de trouver leur voie et aux entreprises de faire connaître leurs métiers.
 
Comment est née JobIRL ?

J’ai créé la plateforme en 2013 pour permettre aux jeunes d’échanger avec des professionnels afin de découvrir un métier et aux entreprises d’avoir un espace de dialogue avec les jeunes. Actuellement, des jeunes ne trouvent pas de contrat d’alternance ou d’emploi et des entreprises ne parviennent pas à recruter… Il y a donc un vrai problème d’orientation. Le but de JobIRL est de faire en sorte que les jeunes se frottent le plus tôt possible au marché de l’emploi en ayant réfléchi aux opportunités. Notre but est de les aider à découvrir les filières d’avenir. Quelque 2 600 entreprises ont des collaborateurs inscrits sur notre plateforme, et parmi eux, 7 000 sont ambassadeurs métiers et 550 sont mentors. Les premiers se tiennent disponibles pour être contactés ponctuellement afin de parler de leur métier, les seconds assurent un accompagnement à l’orientation et à la recherche de stage ou d’alternance durant six mois. Du côté des jeunes bénéficiaires, nous avons près de 100 000 inscrits et le site a compté 1 million de visiteurs en 2021. Nos services sont gratuits pour les jeunes et financés grâce à du mécénat d’entreprises. Nous avons des partenaires comme Korian, Engie, Total, qui ont du mal à recruter des alternants, et des PME. Les secteurs d’activité les plus représentés sont le numérique, l’industrie, la grande distribution, le BTP et la banque.

Avez-vous des cibles particulières ?

La plateforme est ouverte à tous, mais nous ciblons en particulier les jeunes issus de banlieues, peu favorisés. L’objectif est de leur donner accès à des professionnels qu’ils n’ont pas dans leur entourage. Nous aidons par exemple les élèves de 3e des réseaux d’éducation prioritaire à trouver un stage d’observation et de découverte d’un métier. Sur le site, les jeunes peuvent trouver des offres de stage ou d’alternance. Ils peuvent aussi découvrir une profession grâce à des vidéos métiers. Nous initions également des communautés, de femmes sur les métiers à féminiser, par exemple, comme « les intrépides de la Tech ». Et nous animons des ateliers sur les entreprises et les filières d’avenir, de manière à ce que les jeunes découvrent des métiers mais aussi les codes de l’entreprise, dans les collèges, les lycées, les missions locales ou les universités, dans plusieurs régions (Ile-de-France, Occitanie, Auvergne-Rhône Alpes, Réunion…). Nous proposons aux chefs d’établissements un programme de 6 à 8 heures par an, qui cible les élèves de la 4e à la Terminale. Chaque élève peut participer à 3 heures d’atelier et 3 heures de forum métiers. Il existe aussi un programme de 30 heures par an pour des Terminales en baccalauréat professionnel ou des étudiants, avec des ateliers collectifs et du suivi individuel sur la construction d’un projet, la rédaction d’un CV et d’une lettre de motivation, un entraînement au job dating et aux entretiens…

Mettez-vous des ressources à disposition des mentors ?

Nous accompagnons les mentors en leur donnant six étapes à suivre : faire un test d’orientation ; apprendre au jeune à contacter et questionner des ambassadeurs métiers ; le guider pour questionner des étudiants ; rédiger un CV et une lettre de motivation ; définir une stratégie de recherche ; préparer un entretien d’embauche. Nous organisons des webinaires une fois par mois pour accompagner les mentors afin de définir la posture du mentor, maintenir le lien, déceler la détresse psychologique…

Qu’est-ce qui motive les entreprises à laisser leurs collaborateurs participer ?

Cela peut faire partie de leur démarche RSE de s’engager auprès de la jeunesse de quartiers appartenant aux réseaux d’éducation prioritaire. C’est souvent aussi une volonté des RH de faire découvrir les métiers de l’entreprise, notamment ceux qui sont en tension. Je suis d’ailleurs convaincue qu’il faut que les entreprises s’engagent pour la découverte de leurs métiers. Tant qu’elles n’investiront pas, elles manqueront de jeunes diplômés aux compétences adaptées à leurs besoins. L’idée est aussi de motiver les salariés, en leur donnant la possibilité de s’engager, de se sentir utiles. Et c’est l’occasion pour certains de faire un bilan de leur carrière en parlant de leur expérience à un jeune. Enfin, cela ouvre les collaborateurs à des milieux sociaux différents et leur permet de mieux comprendre la nouvelle génération. Certains la perçoivent comme éloignée de l’entreprise et ont en fait le plaisir de rencontrer des jeunes curieux !

Auteur

  • Adeline Raynal