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S’adapter à la demande de sens des jeunes

Les manager | publié le : 29.08.2022 | Lys Zohin

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Gestion au Quotidien : S’adapter à la demande de sens

Crédit photo

 

Leurs premiers pas dans le monde du travail sont souvent décisifs. Si les jeunes sont déçus, ils n’hésitent pas à démissionner. Seule solution pour l’employeur, tenir les promesses faites à l’embauche. Et pour cela, rien de tel qu’un bon management.

Celica Thellier, cofondatrice de ChooseMyCompany, une start-up à mission spécialisée dans les enquêtes sur la relation au travail, n’hésite pas à parler d’histoire d’amour… « Le premier emploi est une période de découverte pour un jeune, dit-elle. C’est une phase d’apprentissage plus intense que les stages qu’il ou elle a pu faire auparavant. C’est aussi l’expérimentation d’une autre forme de socialisation, d’un autre type de confiance, et bien sûr, d’une plus grande autonomie qui vient avec la première paie. » Mais attention, passée cette phase de découverte et cette lune de miel, la passion peut – comme en amour – s’émousser ! Il faut donc entretenir la flamme, d’autant que, précise Claude Calmon, PDG de Calmon Partners Group, un cabinet spécialisé dans le recrutement et les ressources humaines, « les jeunes ont l’impression d’avoir très vite fait le tour de leur poste. » A tort ou à raison, ils commencent à s’ennuyer au bout de 12 ou 18 mois… Et « l’horizon de rétention des jeunes talents s’est raccourci à… deux ans », ajoute Celica Thellier. En outre, la notion de carrière linéaire n’a plus cours. « Les recruteurs doivent cependant expliquer aux jeunes que les sauts de puce en début de carrière peuvent être mal perçus par les employeurs et qu’il vaut mieux construire un CV sur le moyen terme », conseille d’ailleurs Claude Calmon.

Incarner la mission de l’entreprise

Si les remises en question après un certain temps ont toujours été le fait des nouvelles recrues, quelles que soient les époques, elles semblent plus prégnantes aujourd’hui et s’appuient notamment sur une demande de sens accrue. Un sens qui passe, en particulier pour les jeunes diplômés, par l’incarnation de la mission de l’entreprise. Ses activités doivent apporter un ’plus’ non seulement aux salariés, mais aussi à la société et à la planète. « Et les managers doivent s’adapter à cette demande de sens », tranche Claude Calmon. Comment ? « En concrétisant au quotidien les promesses faites à l’embauche, répond Celica Thellier. Il s’agit d’accumuler des preuves de la bonne culture d’entreprise. » Au-delà des grands thèmes sociaux et environnementaux, c’est aussi dans l’organisation du travail, qui doit être flexible et hybride, avec les outils adéquats, dans l’accent mis sur la qualité de vie au travail – depuis la prévention en ce qui concerne la santé jusqu’à l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle –, l’autonomie laissée aux collaborateurs et leur développement que cette culture s’incarne.

Autant dire que dans ces domaines, les managers sont en première ligne, en tant que relais de la philosophie développée par la direction et la DRH. « Les managers doivent offrir la meilleure communication possible sur le projet de l’entreprise et le sens », conclut Claude Calmon. Mais n’est-ce pas une nécessité envers tous les profils de collaborateurs, qu’ils soient jeunes ou moins jeunes ? Certes, mais le fait que les jeunes soient exigeants et impatients doit inciter les managers non seulement à bien communiquer avec eux mais aussi à les responsabiliser. « En les incluant par exemple dans les rendez-vous clients ou en les faisant participer à des réunions de réflexion », précise-t-il. Ensuite, évidemment, le bon management consistera à les faire évoluer, dans leurs tâches comme dans l’entreprise.

Profiter de la mobilisation

Ce serait dommage, en effet, de gâcher la mobilisation de la nouvelle génération. Car les jeunes sont particulièrement motivés. Selon les études de ChooseMyCompany, alors qu’en 2019, avant la crise Covid, le taux de motivation des moins de 29 ans s’inscrivait sur les niveaux de 70,2 %, puis a chuté à 63 % lors des confinements, il est reparti à la hausse pour atteindre même 75,4 % en 2022. « Les entreprises ont compris qu’elles devaient mettre l’accent sur la réduction de la distance entre collaborateurs et hiérarchie, sur l’évaluation de la performance, l’équilibre de vie, la formation, l’évolution professionnelle », indique Celica Thellier, qui est aussi en charge de la recherche de ChooseMyCompany. Mieux, les jeunes ont une vision plus positive en ce qui concerne la prise en charge de la RSE par les entreprises, puisque ce taux se situe à 63,8 % pour les moins de 29 ans, contre 62,4 % pour la moyenne générale – en tout cas pour ce qui est de l’aspect social et de gouvernance. Car pour l’environnement, à seulement 52 % de satisfaits, les jeunes veulent encore des efforts supplémentaires de la part des entreprises…

Auteur

  • Lys Zohin