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La rentrée de toutes les opportunités

Chroniques | publié le : 29.08.2022 |

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La rentrée de toutes les opportunités

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Benoît Serre vice-président délégué de l’ANDRH

Nous sommes à quelques jours de la première rentrée « normale » depuis trois ans, puisque chacun se souvient que celle de septembre 2021 était encore fortement marquée par la menace Covid-19 et par un doute sur le niveau de reprise économique, avec une vraie crainte sur l’emploi, notamment. Il n’en a rien été et, au contraire, nous sommes confrontés depuis plusieurs mois à une configuration économique et sociale quasi inédite : un niveau record de créations d’emplois, le constat que certaines filières professionnelles sont si mal structurées en amont que les difficultés de recrutement s’accumulent, une accélération (néanmoins relative) des démissions, cohérente avec le taux d’emploi et évidemment, un niveau d’inflation que nous n’avions pas connu depuis plus de 30 ans.

Sur un plan conjoncturel, la situation est donc difficile et la pression sur les salaires ne fait que commencer puisque le système d’aides gouvernementales – notamment sur l’énergie – corrige artificiellement à la baisse certains éléments de l’inflation. C’est une bonne chose à court terme, mais la question se reposera inévitablement…

En considérant tous ces éléments et d’autres fondamentaux économiques actuellement perturbés, nous pourrions conclure que nous sommes à la veille de la rentrée de tous les dangers. Et pourtant, il y a une autre manière de regarder la période, celle qui consiste à prendre un peu de recul pour se dire que c’est peut-être le moment de faire preuve d’innovation et de courage afin de changer ce qui doit l’être de manière structurelle. Lorsque la Dares a sorti le chiffre de 500 000 démissions dans les derniers mois, certains se sont empressés d’y voir une « grande démission » à la française. Une analyse plus poussée montre qu’il n’en est rien. En revanche, nous devons nous interroger sur le fait que dès que l’activité économique reprend, le réflexe de certains collaborateurs est de chercher à partir – même sans un nouvel emploi assuré. Cela peut sembler troublant pour une entreprise, puisque cela révèle un phénomène plus inquiétant, qualifié depuis peu de « quiet quitting », autrement dit, un désengagement progressif jusqu’à trouver un autre emploi.

Après la crise sanitaire, l’accélération des transformations du travail, de la relation employeur/employé et l’exigence environnementale montrent sans doute le chemin de ces opportunités de transformations dont certaines entreprises semblent dès maintenant s’emparer pour répondre durablement à leurs enjeux de court et moyen termes de recrutement mais surtout de fidélisation. Ce dernier point constitue sans doute un élément crucial, presque plus important que le recrutement. Avoir un corps social instable et aux comportements imprévisibles nécessite d’agir avec force pour s’en prémunir. C’est en cela que cette rentrée doit être celle des opportunités de transformation. Les attentes sont fortes, notamment en matière d’organisation du travail, de management plus centré sur la confiance que sur le contrôle, d’engagements sociaux et sociétaux à la hauteur des engagements environnementaux, avec une politique RSE inclusive et fonctionnant sur ces deux jambes.

Au-delà de l’urgence climatique, agir en ce sens générera un engagement et une motivation plus forte.

La crise sanitaire a été un immense stress test en temps réel des nouvelles formes de travail et d’organisation et comme beaucoup de collaborateurs ont ainsi constaté qu’une autre forme d’organisation et même de relation au travail efficace était possible, leur impatience ira grandissante. Ne pas répondre à cette attente nuira aux entreprises qui ne s’en saisissent pas. De même, les enjeux de transformation des compétences et de développement de nouveaux métiers comme d’adaptation des plus anciens posent un défi de formation continue aux organisations. Cet enjeu est aussi un champ d’innovation porteur de fidélisation et d’engagement. Enfin, la question de l’emploi des jeunes comme des seniors doit encore plus devenir une obsession pour les organisations et les pouvoirs publics, car le sentiment d’injustice ou d’inégalité d’accès à l’emploi est socialement dévastateur au sein des entreprises comme à l’extérieur. Les projets annoncés de réforme des retraites ou de l’assurance chômage doivent impérativement servir aussi cet objectif – sans quoi ils seront source de tension sociale forte, ce qui obérera les capacités de transformation structurelle.

On le voit, les opportunités de transformation des organisations et de travail sont nombreuses et attendues. Elles sont clairement sur la table des DRH, qui doivent les proposer et les mettre en œuvre, car c’est autant le cœur que la raison d’être de leur métier : disposer des compétences et des équipes motivées et engagées pour servir le projet de l’entreprise, dans une logique de performance économique et de responsabilité sociale.