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Sur le terrain

Recrutement : L’intelligence artificielle vole au secours des restaurateurs

Sur le terrain | publié le : 25.07.2022 | Adeline Raynal

Plusieurs logiciels, fondés sur l’IA, aident les employeurs du secteur à recruter. Ils incitent aussi les candidats à postuler et permettent également de les fidéliser, grâce aux données récoltées et aux actions préconisées.

Jérôme Guilbert est un patron connecté. PDG du groupe nantais GB Investissements, qui totalise une dizaine de restaurants, discothèques et bars de nuit, il s’apprête à ouvrir d’ici à la fin de l’été quatre nouveaux établissements à Nantes. « Nous comptons déjà plus de 200 salariés et nos prochaines ouvertures nécessitent d’en recruter 100 de plus, indique-t-il. Sans oublier que toute l’année, nous devons gérer un turn-over de l’ordre de 4 %. » Dans un secteur fortement touché par le manque de main-d’œuvre, la botte secrète de certains employeurs pour recruter, c’est… l’intelligence artificielle (IA). Plusieurs logiciels, comme CleverConnect, permettent d’effectuer un premier tri des candidatures en fonction des compétences recherchées, grâce à l’IA. Sodexo, Elior ou Eurest y ont déjà recours. « Nous travaillons avec un agrégateur, Softy, qui publie nos annonces en ligne et permet de collecter des CV qui correspondent à nos besoins », explique ainsi Jérôme Guilbert. Le service recrutement du groupe assure ensuite un tri des CV, puis les attribue aux directeurs d’établissements.

Côté candidat, cette technologie aide également à dénicher des offres. « Les candidats peuvent trouver des offres auxquelles ils n’auraient pas pensé, souligne Louis Coulon, cofondateur de CleverConnect. Sur un site d’entreprise, il y a en moyenne 5 % de conversion, soit le nombre de personnes qui postulent par rapport à celles qui visitent le site. Nous œuvrons pour que ce taux passe à 10 %, voire à 20 %. » Le visiteur peut également lier son profil LinkedIn aux annonces et voir si un poste proposé correspond à l’un de ses contacts. Si le recrutement aboutit, l’entremetteur pourra être récompensé par une prime.

Automatiser les tâches pénibles

Au-delà du recrutement, l’intelligence artificielle aide également à fidéliser les salariés, selon le PDG du groupe GB Investissements. « Seule la digitalisation de nos métiers, notamment grâce à l’IA, nous permet d’automatiser les tâches les plus pénibles que sont la gestion des plannings, les inventaires, les approvisionnements. Le collaborateur doit pouvoir se concentrer sur la relation avec les clients », dit-il. Le groupe met ainsi à disposition de ses équipes des applications, telles que Skello et Snapshift, pour les accompagner au quotidien. Des applis qui permettent par exemple de comptabiliser à la minute près le temps de travail de chacun, afin d’éviter les traditionnels différends sur le paiement des heures supplémentaires, notamment. De quoi favoriser la rétention des collaborateurs, et partant, le bouche-à-oreille, afin d’en recruter de nouveaux… « Derrière le métier de la restauration moderne, il y a de plus en plus d’intelligence artificielle. Nous sommes obligés d’en passer par là. D’autant que les salariés du secteur aspirent à avoir une vie professionnelle faite de variété dans leurs tâches et en accord avec leur vie privée, poursuit Jérôme Guilbert. L’objectif, c’est aussi que si un candidat potentiel croise l’un de nos salariés, ce dernier lui parle de tous ces nouveaux outils. Demain, les employeurs qui ne les utiliseront pas ne pourront pas gérer ni recruter assez de salariés. »

Jérôme Guilbert n’est évidemment pas le seul à miser sur l’intelligence artificielle pour réduire le turn-over. Au début de l’année, deux entrepreneurs franciliens, Maxime Cariou et Amine Menacer, ont fondé la start-up TOP (Team Opportunity Prediction). Ils promettent « d’éviter les démissions » en s’appuyant sur les signaux faibles et en suggérant des actions aux managers. Ceux-ci ont ainsi accès à un tableau de bord de suivi des salariés selon leur âge, le nombre d’entreprises par lesquelles ils sont déjà passés, le nombre d’années d’expérience, le nombre d’enfants à charge, l’ancienneté, la localité, le type de poste… « Pour chaque salarié, le logiciel détermine un taux d’engagement et définit le risque de démission et à quelle échéance », explique Maxime Cariou. Le logiciel croise les informations individuelles avec des statistiques de contexte de démissions, le niveau de salaire par rapport au marché et propose aux managers des actions, comme un entretien avec le salarié, une prime, une augmentation… « Bien souvent, le manager ne voit pas le risque et ne mène pas l’action au bon moment. Or l’IA permet de le faire en replaçant le salarié dans son contexte », résume-t-il. Autant d’outils qui offrent une aide bienvenue pour le secteur de la restauration actuellement…

Auteur

  • Adeline Raynal