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Comment redonner du pouvoir aux salariés ?

Les clés | À lire | publié le : 25.07.2022 | Lydie Colders

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Comment redonner du pouvoir aux salariés ?

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Dans Un « notre monde » est possible, des spécialistes de l’ESS plaident pour remettre les salariés aux commandes de l’entreprise, dans un esprit proche des coopératives. Les citoyens doivent « se réapproprier » le travail et l’économie…

Le néolibéralisme nous mène dans le mur : les décisions sont prises pour satisfaire une élite économique, salariés et citoyens sont privés « de leur citoyenneté » dans le champ économique. Face aux enjeux climatiques et sociaux, ils doivent retrouver leur capacité d’agir, d’orienter la production. En ce sens, l’économie sociale et solidaire est une alternative « pour reprendre le contrôle sur le travail et les entreprises », défendent Sébastien Chaillou-Gillette et Stéphane Pfeiffer. Dans ce manifeste politique, ces deux spécialistes de l’ESS, en Île-de-France et à la mairie de Bordeaux, critiquent le leurre du capitalisme dit responsable (économie collaborative, social business, finance à « impact »), qui « ne rompt pas » avec la conquête de nouveaux marchés et la course aux profits. Ils esquissent des solutions pour contribuer à d’autres formes de travail, orientées vers l’intérêt général. Çà et là, des initiatives se créent, comme les coopératives d’activité pour l’emploi (CAE) permettant aux entrepreneurs d’être associés, ou autres Scop dans les circuits courts.

Démocratiser l’entreprise

Mais pour faciliter l’engagement dans ces projets et plus largement, « se libérer du travail », les auteurs prônent de réduire le temps travaillé (la convention citoyenne pour le climat avait envisagé 28 heures par semaine, rappellent-ils). Et remettent sur le tapis le revenu universel (version Benoît Hamon) pour « ne plus prendre le premier emploi venu ».

Le livre interroge les changements de gouvernance en entreprise nécessaires pour sortir de la primauté financière des actionnaires. La logique des parties prenantes existe certes, mais reste à leurs yeux conflictuelle, voire cosmétique. Dubitatifs sur « le gadget » de l’entreprise à mission, Sébastien Chaillou-Gillette et Stéphane Pfeiffer préféreraient renforcer « considérablement » les administrateurs salariés de tous métiers (bien au-delà de la logique RSE et avec un droit de « refus ») pour décider des choix de production durables ou d’organisation du travail. Afin de « limiter les profits », l’idéal serait de tendre vers le modèle des coopératives (Scop, coopérative d’intérêt collectif), où salariés et sociétaires ont voix au chapitre et où « la lucrativité est encadrée ». Les auteurs, ex-membres d’une coopérative, prêchent pour leur paroisse. Mais avec honnêteté. Passant en revue quelques initiatives louables (chez Optic 2000 ou Enercoop), ils admettent que d’autres grandes coopératives de l’ESS sont loin d’être vertueuses « et adoptent des méthodes capitalistes », éloignant les mandants. Le meilleur garde-fou serait de renforcer l’implication citoyenne et salariée, assortie de nouveaux droits, proposent-ils. Mais gare au « capitalisme washing ». Le livre défend un autre projet de société…

Auteur

  • Lydie Colders