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Grands dossiers de la rentrée : Espaces de travail

Territoires : Les manufactures de proximité, un ferment pour des créations d’emplois

Grands dossiers de la rentrée : Espaces de travail | publié le : 25.07.2022 | D. P.

Aussi nommées tiers-lieux de production, les manufactures de proximité font l’objet d’une communication et d’un soutien spécifique de la part du gouvernement, qui a investi 30 millions d’euros pour leur développement.

Première mesure forte annoncée par le gouvernement, le développement des manufactures de proximité est l’une des réponses actuellement privilégiées pour la revitalisation des territoires dits « fragiles » – principalement ruraux ou en quartier prioritaire de la politique de la ville. Impulsée après la crise sanitaire, lors de laquelle ces lieux ont souvent poursuivi leur activité et notamment participé à la fabrication de matériel médical, l’aide spécifique à ces structures a été coordonnée en lien avec les programmes Territoires d’industrie, Petites villes de demain et Action Cœur de Ville. Quelque 39 tiers-lieux de production ont été labellisés, en deux vagues, sur une centaine prévus au total. Les subventions allouées, d’un montant variable selon les structures, sont destinées à l’ingénierie, l’investissement ou l’amorçage, en fonction de l’avancée des projets. Parmi les derniers lauréats, L’Atelier Normand, situé près de Caen, créé par Jérôme Payen, un artisan qui a totalement revu son mode de fonctionnement il y a sept ans. « Je fabriquais alors des fontaines, nous étions deux dans l’entreprise, et, face à un surcroît d’activité, je devais acquérir des machines supplémentaires. J’ai d’abord envisagé de les louer auprès d’autres professionnels, mais cela n’intéressait personne à ce moment-là », dit-il. Il décide alors d’investir et de les proposer à la location à des entrepreneurs, dans un esprit de partage. « Un atelier comme celui-ci n’existait pas à l’époque, les banques étaient très frileuses, les politiques ne comprenaient pas non plus, se souvient-il. J’ai trouvé des investisseurs pour m’aider. La première année a été très compliquée, mais dès la deuxième, le résultat a été positif. » Il ouvre ensuite le lieu aux particuliers, sur des créneaux spécifiques, et crée un centre de formation. « L’activité formation représente aujourd’hui la part la plus forte de mon activité », ajoute-t-il. Avant tout destinés aux particuliers, qui désirent fabriquer des éléments de menuiserie, les stages se déroulent essentiellement en cours du soir, avec également des formules sur mesure, « pour des personnes ayant une demande particulière, qui souhaitent fabriquer un portail, par exemple », poursuit-il.

Transmettre un savoir-faire

Éligibles au CPF, les cursus permettent d’obtenir tout ou partie des certifications en soudure et menuiserie (dont le premier bloc de compétences du titre professionnel de menuisier agenceur). Faire cohabiter professionnels et particuliers sur un même lieu est, pour Jérôme Payen, une source de richesse inestimable. « Entre artisans, il n’y a aucun problème de concurrence au sein de l’atelier. Au contraire, il y a un énorme sens du partage et tout le monde monte en compétences. Pour les jeunes entrepreneurs, c’est un atout incroyable. Et les professionnels sont très contents de transmettre leurs savoir-faire aux particuliers », se félicite-t-il. Sorte d’incubateur pour jeunes entrepreneurs, ce tiers-lieu productif les aide ainsi à se lancer. « Au bout de quelques années, ils sont prêts, ils cessent d’être auto-entrepreneurs, ils embauchent, ils créent leur entreprise », relève-t-il. D’atelier partagé, le lieu devient d’abord tiers-lieu sous l’impulsion de la région avant de devenir manufacture de proximité. « L’État a décidé de prendre sous son aile ces initiatives, pour dynamiser l’économie locale. Cela structure le territoire », conclut Jérôme Payen. L’aide, dont il ne connaît pas encore le montant, sera essentiellement consacrée à l’investissement en machines supplémentaires.

Auteur

  • D. P.