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« C’est déterminant dans le recrutement et la fidélisation des talents »

Le point sur | publié le : 18.07.2022 | Nathalie Tissot

Marianne Eshet est présidente de l’Alliance pour le mécénat de compétences, qui regroupe 27 entreprises de toute taille. Elle est également co-auteure de l’ouvrage Le mécénat, valeur actuelle – Quand la société peut compter sur l’entreprise.

Qu’apporte le mécénat de compétences aux entreprises ?

Incarner sa RSE, améliorer son image, renouveler le lien entre le salarié et l’entreprise… les bienfaits du mécénat de compétences sont multiples. C’est également un bon moyen de s’ancrer dans son environnement naturel, mais aussi humain. Le mécénat de compétences crée une passerelle entre l’entreprise et la société civile. Il permet à l’entreprise de s’ouvrir sur le monde extérieur et de répondre aux besoins des associations, qui sont nombreux. Pour les salariés, c’est une réponse à la quête de sens et d’épanouissement et la possibilité d’acquérir de nouvelles compétences. Pour le manager, une opportunité de remobiliser et de nourrir la fierté d’appartenance. Tous les savoir-faire et les métiers de l’entreprise peuvent être mis à contribution. Mais n’oublions pas les compétences humaines et relationnelles, très précieuses dans un milieu associatif si différent de celui de l’entreprise. Il faut apprendre à composer avec des bouts de ficelle, car les ressources font souvent défaut. Au-delà de l’entreprise, du salarié et de l’association, c’est la société en général, qui y gagne.

Quel est le profil des entreprises qui font du mécénat de compétences ?

Les grands groupes sont évidemment plus matures. Ils ont tous créé leur fondation, font tous du mécénat d’entreprise et ont un grand nombre de salariés. Très naturellement, ce sont eux qui ont commencé. Les cabinets de conseil comme Accenture ont été les premiers à s’engager, il y a 25 ans… D’autres ont suivi. Au-delà des grandes organisations, je prône que les 3 millions d’entreprises en France puissent un jour pratiquer le mécénat de compétences. Il n’y a aucune raison, même dans une entreprise unipersonnelle, que le salarié ne puisse pas faire du mécénat de compétences. Avec une palette de formats : des missions d’une demi-journée, d’une journée… Certaines sociétés ont également mis en place le mécénat de compétences longue durée ou senior. Il permet au salarié, deux ans avant sa retraite, d’être mis à disposition d’une association à mi-temps ou à plein temps. Ce temps long est particulièrement apprécié par l’association qui peut ainsi engager une transformation en profondeur de sa structure.

Est-ce aussi une façon d’attirer les nouveaux talents ?

C’est déterminant dans le recrutement et la fidélisation des talents. Les jeunes choisissent une entreprise attirante par sa politique RSE, et le mécénat de compétences en fait partie. Orange, acteur historique du mécénat de compétences senior, propose un nouveau programme de six mois pour les talents en milieu de carrière. C’est formidable d’investir sur quelqu’un de jeune, de vouloir lui ouvrir l’esprit. D’autres entreprises le font également. C’est une évolution de très bon augure.

L’association dont vous êtes la présidente a été créée en 2019 à l’initiative du groupe SNCF pour promouvoir le mécénat de compétences. Pourquoi était-ce nécessaire ?

Impulser une dynamique d’engagement au plus haut niveau semblait essentiel. Les patrons signataires de notre manifeste sont convaincus que le mécénat de compétences fait partie intégrante de la carte d’identité de l’entreprise. Nous publions un baromètre de l’engagement citoyen des entreprises tous les deux ans. Nous avons également lancé cette année une étude sur l’impact du mécénat de compétences pour le monde associatif. Nous travaillons aussi sur les leviers pour convaincre les DRH et les managers encore trop frileux. Souvent soumis à des injonctions contradictoires, ils ne font pas toujours preuve de soutien et ni ne prodiguent d’encouragements… Le mécénat de compétences est toujours plus complexe que de donner un chèque, du fait qu’il y a des êtres humains derrière. Il faut une volonté, une envie et trouver des missions… Et ce sont des salariés en moins. Mais il ne faut pas oublier que cela peut être une demi-journée, une journée, trois jours dans l’année. Franchement, c’est peu et lorsqu’ils reviennent, les salariés se sont sentis tellement utiles qu’ils travaillent encore mieux…

Auteur

  • Nathalie Tissot