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États-Unis : L’administration se heurte à la philosophie antisyndicale des entreprises de construction

À retenir | publié le : 18.07.2022 | Lys Zohin

Dans le cadre de son vaste plan décennal de rénovation des infrastructures américaines, qui en ont bien besoin si l’on en juge par l’état des routes, des ponts, des aéroports ou des systèmes d’assainissement des eaux, par exemple, Joe Biden veut mettre l’accent sur de nouvelles formations, qui seraient accessibles à tous, dont les femmes et les minorités. Mais parmi les employeurs qui pourront recevoir des fonds pour ce faire, l’administration veut privilégier ceux qui protègent les droits des travailleurs grâce aux négociations collectives avec les syndicats. Or certains entrepreneurs, de même que des secteurs entiers, sont « anti-syndicats », à l’image de nombre d’États aux mains des Républicains. Ainsi, seuls 12,6 % des salariés dans la construction étaient syndiqués en 2021, selon les chiffres du ministère du Travail.

« Il faut s’appuyer sur les syndicats pour être sûrs d’embarquer dans les formations les communautés marginalisées, que ce soient les femmes, les minorités ethniques, les personnes éloignées de l’emploi », fait valoir Melissa Wells, directrice de la diversité au sein du syndicat de la construction. Pour l’heure, en effet, les femmes ne représentent que 10 % des effectifs dans ce secteur, selon les dernières données du bureau des statistiques. Les syndicats veulent ainsi négocier non seulement la mise en place de formations, mais aussi d’autres avantages, dont une meilleure prise en charge des grossesses et l’accès à la garde d’enfants, qui sont souvent les principaux freins pour que les femmes rejoignent ce secteur.

Mais les entreprises de la construction rechignent à faire davantage de place aux syndicats. « L’administration Biden pousse fortement à la syndicalisation, souligne Greg Sizemore, spécialiste de la santé, de la sécurité, de l’environnement et de l’accroissement des effectifs au sein de l’Association des constructeurs et des sous-traitants de la construction. Mais la grande majorité des salariés de notre industrie veulent simplement travailler dans une entreprise qui offre de bonnes conditions de travail et ils ne veulent pas que ce soit un syndicat qui négocie ces conditions à leur place. »

Le bras de fer porte principalement sur l’apprentissage. L’administration veut un système organisé et reconnu par les pouvoirs publics, afin, notamment, de standardiser les procédures en matière de sécurité, tandis que les employeurs, qui ont développé leurs propres formations et leur propre système d’apprentissage, veulent continuer à en être maîtres. Un programme de formation et d’apprentissage standardisé et reconnu par l’État empêcherait, selon les employeurs, certains bénéficiaires de leurs propres formations de trouver un emploi, puisqu’elles ne seraient pas à la hauteur des nouvelles exigences de l’administration, sans parler de la concurrence pour y accéder, qui évincerait, selon les employeurs, nombre de personnes, dont les femmes et les minorités, alors qu’elles sont précisément ciblées. De son côté, l’administration Biden argumente que non seulement les initiatives privées en matière de formation et d’apprentissage n’ont pas permis de produire suffisamment d’ouvriers qualifiés pour ces nouveaux chantiers, mais qu’en plus, elles sont trop étroites et fondées sur quelques compétences bien spécifiques, ce qui ne permet pas aux salariés d’évoluer.

Auteur

  • Lys Zohin