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Le pont sur

Évaluation : Le casse-tête de la mesure d’impact

Le pont sur | publié le : 11.07.2022 | L. Z.

Un accord a été trouvé le 21 juin dernier à Bruxelles concernant une nouvelle directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) qui modifie celle de 2014. En introduisant des exigences plus détaillées en matière de rapports extrafinanciers pour les entreprises de plus de 250 salariés et réalisant un chiffre d’affaires d’au moins 40 millions d’euros, elle établit pour la première fois un prérequis général d’audit à l’échelle européenne pour garantir la fiabilité des données environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) qui devront être publiées chaque année à compter du 1er janvier 2024. Pour ce faire, les entreprises devront donc se doter d’outils permettant de récolter des données, et d’experts, afin d’interpréter ces informations et en déduire l’impact de leurs actions tant en matière d’environnement que de social. Reste que si des outils existent déjà quant à la mesure des émissions de gaz à effet de serre, par exemple, d’autres domaines, dont la biodiversité et le social, se prêtent moins facilement à une mesure standard.

Taxonomie sociale

Invitée à une récente conférence organisée par l’IAE Paris-Sorbonne sur ce sujet, Geneviève Ferone-Creuzet, associée et cofondatrice de Prophil, un cabinet de recherche et de conseil, qui accompagne des entrepreneurs engagés dans la mise en œuvre de stratégies pour le bien commun, souligne ainsi que « s’il existe bien, au même titre qu’il y a désormais une taxonomie verte européenne, une taxonomie sociale, qui permet d’objectiver certains éléments humains, tels que l’accès à l’emploi ou l’équité salariale entre hommes et femmes, avec, en filigrane, l’idée de préserver des “communs” humains, les entreprises devront s’en emparer en appliquant également leur propre référentiel, l’interprétation des “communs” différant en outre d’un pays à l’autre. Il faut accepter d’être dans le qualitatif, à l’inverse d’une tonne de carbone. » En effet, « les différents indicateurs, sur la qualité du sol ou de l’eau, ou, au point de vue social, sur l’ensemble d’une chaîne de valeur, ne s’agrègent pas », confirme de son côté Hélène Valade, directrice Développement et environnement pour le groupe LVMH et présidente de l’Observatoire de la RSE (ORSE). Et c’est une nouvelle comptabilité, prenant en compte la « dette » climatique, notamment, qu’elle appelle de ses vœux. Comptabilité qui pourrait progressivement s’imposer. De fait, l’économiste Philippe Dessertine, professeur à l’IAE Paris-Sorbonne, constate, depuis quelques mois, une accélération de la demande, de la part des financiers, pour une approche scientifique de la démonstration de l’impact positif. « Prenons l’exemple d’Orpea, dont la valeur s’est effondrée en Bourse à la suite de révélations sur son fonctionnement. Cette entreprise est passée d’un risque ancien, qu’elle croyait déjouer en diminuant ses charges pour améliorer ses marges, à un risque nouveau, puisque les investisseurs se sont concentrés sur l’impact humain et sociétal », souligne-t-il. Autant dire que les entreprises devront faire preuve de transparence, au point que certaines, dont LVMH, s’inquiètent des aspects concurrentiels, et s’appuyer sur des méthodologies que les chercheurs doivent encore peaufiner si elles ne veulent pas courir ces nouveaux risques. Les organisations semblent en être conscientes. L’enquête Workiva (lire encadré par ailleurs) révèle en effet qu’elles perçoivent déjà l’effet des rapports ESG (selon des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance). Ainsi, six répondants sur dix déclarent que les rapports ESG de leur entreprise ont déjà eu un impact positif sur la fidélisation et le recrutement des clients (59 %), les économies de coûts (71 %), l’engagement des agences d’assurances et de crédits (64 %) et la réduction des risques à long terme (65 %). La majorité des répondants ont également noté que les rapports ESG ont amélioré le moral des salariés (65 %), les efforts de recrutement des talents (67 %), ainsi que les relations avec les actionnaires et les investisseurs (61 %).

Auteur

  • L. Z.