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États-Unis : La décision anti-avortement de la Cour suprême pousse les entreprises à réagir

À retenir | publié le : 11.07.2022 | Lys Zohin

Alors qu’elles hésitaient à prendre position sur le sujet très polarisant de l’interruption volontaire de grossesse, nombre d’entreprises, aux États-Unis, ont réagi face à la récente décision de la Cour suprême de laisser aux 50 États le soin de statuer sur l’IVG… pour l’interdire dans une grande partie du pays. Certaines s’étaient d’ailleurs déjà positionnées depuis quelques mois, dans le sillage de diverses tentatives d’interdiction de l’IVG au niveau des États, ou juste avant l’annonce officielle de la décision de la Cour suprême, puisqu’elle avait filtré dans les médias. Des employeurs de poids dans la tech, comme Apple, Microsoft, Amazon et Meta, la finance, avec Bank of America, Goldman Sachs, Citigroup et JP Morgan, les loisirs, dont Disney, Condé Nast, Warner Bros Discovery et Netflix, et dans d’autres domaines ont tous annoncé ou réitéré leur engagement de couvrir les frais de transport et d’hébergement des salariées qui devraient voyager dans un État permettant l’avortement si elles résident dans l’un qui désormais l’interdit. D’autres ont annoncé revoir leur politique en matière d’assurance santé pour faire de même.

En outre, certains poids lourds de la corporate America, comme Sheryl Sandberg, qui quitte son poste de COO chez Meta et s’est toujours faite l’avocate de l’empowerment des femmes, n’ont pas hésité à critiquer la décision de la Cour suprême. Décision qui risque de surcroît d’entraîner d’autres évolutions dans la stratégie des entreprises. Déjà, certains juristes envisagent des difficultés pour celles qui financeraient l’accès à l’IVG dans d’autres États que celui où elles sont implantées, du fait que la loi, dans certains des États anti-avortement, implique des sanctions dans ce cas. Au-delà de la couverture santé, les entreprises devront aussi, à l’avenir, décider si elles veulent s’implanter dans un État qui garantit l’accès à l’IVG ou au contraire l’interdit. De même, devront-elles quitter certains États ? Ainsi, le Texas, anti-IVG, avait séduit ces dernières années des entreprises comme Facebook, Amazon et Apple, qui s’y sont installées grâce aux avantages fiscaux proposés. Or aujourd’hui, la loi du Texas sur l’avortement est en contradiction avec la position prise par ces entreprises. Et alors que nombre de sociétés financent régulièrement les campagnes des candidats à diverses élections, dont celles au Congrès, qui devront-elles soutenir ? Les pro-IVG ou les anti ? Et quelle communication adopter auprès des analystes qui ne manqueront pas de poser des questions, de même que les actionnaires, les investisseurs, les salariés et les candidats et candidates à l’embauche ? Compte tenu des tensions sur le marché de l’emploi, les entreprises semblent en tout cas conscientes, selon un sondage de la Société pour la gestion des ressources humaines, du fait que les avantages proposés en faveur de la santé reproductive auront un impact favorable sur leur attractivité. Enfin, si les entreprises ont parfois utilisé leur pouvoir économique pour influencer les politiques locales, pourront-elles le faire cette fois-ci ? En 2019, alors que la Géorgie avait déjà cherché à interdire l’avortement, les producteurs d’Hollywood avaient menacé de ne plus aller tourner de films dans cet État. Mais aujourd’hui, les studios tentent de se remettre de la pandémie en sortant le plus grand nombre de films possible… De même, Disney est engagé dans un bras de fer avec la Floride, où se trouve l’un de ses parcs d’attractions, sur un autre sujet, celui de l’interdiction faite par cet État aux enseignants de parler d’orientation sexuelle dans les écoles primaires. S’étant élevé contre cette mesure considérée comme anti-gay, Disney s’est vu retirer les avantages fiscaux dont il disposait sur place…

Auteur

  • Lys Zohin