L’immense majorité des Français "disent appartenir à la classe moyenne", observe une note du Cepremap parue le 17 mai 2022. Même au sein des revenus les plus faibles (moins de 1 126 euros par mois) et les plus élevés (plus de 7 660 euros par mois par unité de consommation), la majorité des individus pense appartenir à l’une des fractions de la classe moyenne : la classe moyenne inférieure pour les premiers, les classes moyennes supérieures pour les seconds. Paradoxalement, ils voient la société en forme de pyramide, c’est-à-dire avec une forte proportion de pauvres à la base, une plus faible proportion de classe moyenne à laquelle ils s’identifient, et une minorité de riches. En réalité, la représentation correcte de la répartition des revenus ressemble davantage à un "sapin", "c’est-à-dire une pyramide avec un socle (de pauvres) plus étroit que son milieu (de revenus intermédiaires)". C’est le système de redistribution de l’État providence qui permet cette répartition, les inégalités étant plus fortes en matière de salaires. Ainsi, "on constate un hiatus entre la représentation générale de la société telle que l’imaginent les Français et leur place personnelle". Néanmoins, le socle de pauvres au pied du sapin rassemble 10 millions de personnes qui se situent en dessous du seuil de pauvreté, d’après l’Insee. En outre, selon le Secours catholique, qui s’appuie sur les données de la direction générale de la Cohésion sociale (DGCS), "entre 5 et 7 millions de personnes" ont eu recours à l’aide alimentaire en 2020.