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Les entreprises continuent de se mobiliser pour l’Ukraine

Le point sur | publié le : 04.07.2022 | Nathalie Tissot

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RSE : Les entreprises continuent de se mobiliser pour l’Ukraine

Crédit photo

 

Dons financiers, matériels, en compétences… : l’invasion de l’Ukraine par la Russie fin février a suscité un élan de solidarité sans précédent des particuliers et des entreprises dans toute l’Europe. En France, il s’inscrit dans l’essor grandissant du mécénat d’entreprise.

Quelque 175,5 millions d’euros ont été récoltés en faveur de l’Ukraine par une cinquantaine de fondations dans toute l’Europe, dont celles de la Caisse d’épargne, de la Société générale et d’Orange. Le Crédit agricole a de son côté débloqué un fonds de 10 millions d’euros pour ses 2 400 collaborateurs sur place et les autres victimes du conflit. BNP Paribas a engagé 13 millions d’euros auprès du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, du Comité international de la Croix-Rouge, de Médecins sans frontières et d’associations en Ukraine, en Pologne et en France. De même, Nexity, Ikea, Deloitte et bien d’autres acteurs du secteur privé et public ont participé au financement d’une aide d’urgence via des ONG. Certains ont également apporté un soutien logistique, matériel ou alimentaire sur place. Ainsi, fin mars, la Fondation CMA-CGM a mis à disposition un avion-cargo pour acheminer 55 tonnes de dons : du matériel médical, électrique, informatique et des abris d’urgence ainsi que du lait infantile offert par une entreprise française de l’agroalimentaire.

Au-delà des directions, les salariés se sont aussi mobilisés aux côtés des Ukrainiens, en participant à des collectes organisées par leur entreprise, à du mécénat de compétences ou en proposant un hébergement à des déplacés. Plus de 14 millions d’Ukrainiens ont dû quitter leur foyer, dont 6,5 millions se sont réfugiés dans des pays européens. Parmi eux, une majorité de femmes, d’enfants et de personnes âgées. Le groupe SNCF leur offrait d’ailleurs un trajet gratuit à bord de ses trains pour faciliter leur voyage. Joseph Zimet, qui dirige la cellule de crise interministérielle française sur l’Ukraine, estimait début juin sur France Inter à près de 95 000 le nombre de déplacés ukrainiens arrivés dans l’Hexagone. Mais « certains n’ont pas encore poussé la porte de nos préfectures pour se faire connaître et activer leurs droits », précisait-il.

À l’enjeu de s’installer dans un logement pérenne et de scolariser les enfants s’ajoute pour ces exilés celui de trouver un emploi.

Insertion professionnelle

Pour simplifier leurs recherches, des dispositifs ont été mis en place par les pouvoirs publics. Un espace dédié a ainsi été créé sur la plateforme de la communauté « Les Entreprises s’engagent », lancée en 2018 pour favoriser l’inclusion dans l’emploi et animée par un groupement d’intérêt public cocréé par le ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion avec Pôle emploi et des entreprises engagées. Une aide individuelle à la recherche d’un travail est également proposée à l’espace d’accueil ouvert après le début du conflit Porte de Versailles à Paris.

« Nous estimons que près de 3 500 contrats ont été signés ou sont en passe de l’être, dont 30 % dans le secteur de l’hôtellerie-restauration », indiquait Joseph Zimet en juin, évoquant le besoin de main-d’œuvre à l’approche de la saison estivale. Yoopies, qui appartient au groupe Worklife, a également ouvert gratuitement sa plateforme de services à domicile aux déplacés ukrainiens.

Près de 1 200 d’entre eux se sont inscrits dans 17 pays, dont 300 en France. « Ce type d’emploi, qui ne nécessite pas de connaissances trop avancées de la langue du pays d’accueil, constitue une opportunité intéressante pour ces personnes », souligne Véra Dimitrova, responsable des relations presse.

Dans la même veine, le groupe Adecco, présent dans 60 pays, a lancé un site d’aide à la recherche d’emploi qui a déjà permis à 2 527 Ukrainiens de reprendre une activité professionnelle. Reste qu’une procédure de recrutement est soumise en France à une obligation de non-discrimination…

Il n’est donc pas possible de réserver des offres d’emploi à une seule nationalité. Par ailleurs, « il faut arriver au bon moment, lorsque les gens sont stabilisés », soulignait Fatiha Mlati, directrice de l’intégration à l’association France terre d’asile dans un webinaire mi-avril. Selon cette responsable, d’autres actions utiles sont à envisager, comme de proposer des immersions en entreprise, qui permettent de valider les projets professionnels. Des partenariats de formation ou de parrainage citoyen ou professionnel via le mécénat de compétences peuvent également être développés.

Accès privilégié au travail

La protection temporaire, autorisée par le Conseil de l’Union européenne le 4 mars, est un dispositif exceptionnel accordé spécifiquement aux ressortissants ukrainiens ou réfugiés d’Ukraine ayant fui la guerre et à leur famille. Les titulaires d’un titre de séjour ukrainien qui ne sont pas en mesure de rentrer dans leur pays d’origine dans des conditions sûres et durables peuvent également y prétendre. Ce statut permet la délivrance immédiate d’un titre de séjour valable six mois et renouvelable trois ans. Il ouvre des droits civils et sociaux, comme l’autorisation d’exercer une activité professionnelle sans autorisation préalable, l’accès gratuit à la crèche, le droit de voyage jusqu’à trois mois dans l’espace Schengen sans visa, l’usage du permis de conduire sans échange pendant un an et la possibilité d’accéder à une formation linguistique de 100 à 200 heures via l’Office français de l’immigration et de l’intégration.

Auteur

  • Nathalie Tissot