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Que de la com’ ?

Chroniques | publié le : 27.06.2022 |

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Que de la com’ ?

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Gilles Gateau Directeur général de l’Apec

« Faut faire plus de com ! »

Qui n’a jamais entendu l’« eurêka » de notre époque ramenant tout problème à une équation simple : si quelque chose ne fonctionne pas – vendre un produit, remonter le moral des troupes ou gagner une élection –, c’est forcément parce que l’on n’a pas assez ou mal communiqué. Cette explication vaut également en matière de recrutements qui mettent, il est vrai, les entreprises à rude épreuve.

Les délais pour attirer de nouvelles recrues ne cessent de s’allonger : aujourd’hui, en moyenne onze semaines, deux de plus que l’an dernier. Dans les secteurs particulièrement en tension, c’est même beaucoup plus long. Dans l’informatique, il n’est pas rare de devoir patienter près de six mois avant de pourvoir enfin son offre d’emploi.

Logiquement, des stratégies d’adaptation se mettent en place. La plus évidente dans une logique de marché : augmenter les salaires. Au cours des derniers mois, 53 % des PME et 67 % des grandes entreprises ont revu à la hausse, pendant le process de recrutement, les rémunérations initialement proposées aux candidates et candidats. Autre possibilité, faire évoluer « à la baisse » ses exigences initiales. C’est le cas de près d’un employeur sur deux, qui se résout finalement à recruter un cadre n’ayant pas toutes les compétences techniques requises. Un employeur sur trois décide même de recruter sur un diplôme différent de celui recherché initialement, signe que même en France le culte du diplôme bouge !

Mais il y a aussi… « la com’ » bien sûr ! Sur ce point, de nombreuses entreprises ont su évoluer. Elles ont multiplié les canaux pour amplifier leurs recherches de candidats. En 2021, 69 % des recruteurs ont ainsi utilisé les réseaux sociaux dans au moins un de leur recrutement. Des réseaux sociaux qui, pour les ETI comme les grandes entreprises, représentent le deuxième canal de recrutement, alors qu’ils n’étaient que le quatrième il y a deux ans. Une attention toute particulière est aussi donnée aux offres, conçues comme des campagnes de communication en miniature afin de valoriser, de « marketer » l’entreprise. On y parle « missions », « valeurs », « responsabilité sociale et environnementale », « avantages » ou « qualité des conditions de travail ».

Les entreprises comprennent qu’elles doivent se rendre plus attrayantes. Mais ce qui vaut pour la communication en général vaut tout autant pour la marque employeur : attention aux fausses promesses ! Après le greenwashing, attention aux RHwashing en tout genre : happywashing, greatwashing, purposewashing qui cherchent à nettoyer la réalité pour la rendre plus belle qu’elle n’est.

Il est dangereux d’attirer un candidat en lui faisant croire qu’il trouvera dans l’entreprise une réponse à sa recherche de « sens » quand, en réalité, ce n’est… « que de la com’ » ! Le candidat-séduit-devenu-salarié a toutes les chances de vivre ce décalage entre affichage et réalité interne comme une terrible trahison. Si bien que ce recrutement trompeur n’aura servi à rien… Il en est de même pour la qualité de vie au travail, souvent mise en avant : les belles photos d’espaces de détente, de salles de sport, de cantines « healthy » sont inutiles si la pression interne et le climat social sont insupportables. Aucun équipement, aussi beau soit-il, ne pourra jamais compenser une désillusion voire parfois une souffrance au travail.

Donc « la com’ » c’est bien quand il s’agit, avec honnêteté, de valoriser son attractivité. C’est souvent une part de la solution aux difficultés de recrutement. Mais elle n’est pas tout. Elle doit servir à mettre en valeur l’existant, pas à vanter quelque chose qui n’existe pas. Car la com’ a ses règles implacables : à l’heure des réseaux sociaux, qui fait du « washing » récolte du « bad buzz » ! Qui, lui, n’est pas facile à nettoyer…