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Canada : Le Québec appelle les étudiants français à la rescousse

À retenir | publié le : 27.06.2022 | Ludovic Hirtzmann

Les étudiants français et autres, de préférence francophones, vont-ils contribuer à résoudre la pénurie de main-d’œuvre au Québec ? C’est en tout cas le souhait des autorités québécoises. Avec un argument de poids : la possibilité de suivre des études à coût modique dans les universités de la province tout en travaillant (jusqu’à 20 heures par semaine). En effet, les étudiants étrangers paieront les mêmes droits de scolarité que les étudiants québécois, alors que d’habitude, ces frais sont plus élevés pour les non-canadiens. Ainsi, de 8 100 dollars canadiens par an (près de 6 000 euros) pour les étudiants français et belges et 24 000 pour les autres étudiants internationaux (près de 18 000 euros), les frais d’inscription et de vie dans les universités passeront au même niveau que pour les Québécois, soit environ 3 000 dollars (2 200 euros). Mais attention, cette ristourne ne sera accordée que s’ils suivent un programme d’études en français dans les secteurs d’emploi identifiés comme prioritaires par le gouvernement du Québec, soit : les technologies de l’information ; le génie ; la santé et les services sociaux ; l’éducation et les services de garde éducatifs à l’enfance, détaille le programme. En outre, il ne s’appliquera qu’aux étudiants étrangers inscrits dans une université située à l’extérieur de Montréal, afin de dynamiser le reste de la province.

La mesure s’inscrit dans le cadre de « l’opération main-d’œuvre », un vaste plan doté d’un budget de 3,9 milliards de dollars (2,88 milliards d’euros), mis en place à l’automne dernier pour tenter de résoudre le manque de candidats à l’embauche. Le taux de chômage – le plus bas du Canada – se situe actuellement à 4,2 % au Québec et quelque 170 000 postes sont à pourvoir dans la province. L’opération main-d’œuvre comprend ainsi, entre autres, un volet formation avec une allocation de 475 dollars (350 euros) par semaine pour ceux qui suivent une formation, un volet emploi des seniors et un autre, sur la conciliation travail-études, pour les étudiants.

L’atout de la jeunesse

Jean Boulet, le ministre du Travail québécois, n’a pas hésité à avancer d’autres arguments à l’adresse des étudiants lors d’un entretien à Radio-Canada : « Tu découvres une communauté. Tu rencontres quelqu’un qui devient ton chum (petit ami) ou ta blonde (petite copine) », a-t-il déclaré. Une logique imparable pour repeupler les campagnes, car elles ont traditionnellement du mal à conserver leurs immigrants… Invitée à la même émission, Selma Mihoub, étudiante à la Sorbonne et en deuxième année de licence à l’université du Québec à Chicoutimi, raconte ainsi ses randonnées et sa sortie en zodiac pour voir des baleines toutes proches. En programme d’échange pour sa deuxième année d’étude, elle s’émerveille de ce pays qui lui a permis de trouver très rapidement un job de vendeuse, en parallèle de ses études. Et se félicite, en plus, d’avoir été nommée cheffe d’équipe moins d’une semaine après avoir débuté dans ses fonctions… « J’ai gagné en autonomie. C’est une très grande fierté », s’exclame-t-elle. Un discours fréquent parmi les jeunes Français, presque surpris qu’on leur fasse confiance et que leur jeunesse soit un atout. Si l’accueil des entreprises en mal de main-d’œuvre est bon, celui des citoyens dans les campagnes est, en revanche, parfois plus réservé… L’expression « maudit Français », plus humoristique que péjorative, cela dit, ne s’y utilise-t-elle pas depuis plus deux siècles ?

Auteur

  • Ludovic Hirtzmann