logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Les clés

Seniors : l’enjeu du maintien dans l’emploi

Les clés | À lire | publié le : 20.06.2022 | Lydie Colders

Image

Seniors : l’enjeu du maintien dans l’emploi

Crédit photo Lydie Colders

Dans « Les seniors et l’emploi », l’économiste Hippolyte d’Albis appelle les entreprises à s’intéresser enfin aux 55-65 ans. Au-delà des débats sur l’âge de la retraite, ces salariés sont une chance pour l’économie…

Sous l’impulsion de l’Europe, les réformes des retraites ont des effets notables sur l’emploi des seniors. Entre 55 et 65 ans, le taux d’emploi de ces salariés (53,8 % en France en 2020) a augmenté. Mais la réalité est plus complexe, explique l’économiste Hippolyte d’Albis dans ce livre très chiffré. Si les réformes se sont accélérées en France depuis 2010, l’impact sur l’emploi des seniors n’a rien d’aussi « mécanique ». À partir d’études en France ou l’étranger, il montre que l’évolution de leur taux d’emploi dépend surtout d’autres éléments : démographie, crise économique ou ratios retenus. Surtout, « environ 16 % des 53-69 ans » restent dans une zone grise (chômage, minima sociaux, parfois invalidité) et ce chiffre ne bouge pas depuis dix ans. Preuve pour l’auteur que les fins de carrière et le passage à la retraite demeurent toujours aussi difficiles : « Il faut tenir compte des licenciements survenant avant l’âge légal, des personnes qui cherchent un emploi et de celles qui sont découragées ». Pourtant, l’économiste, favorable à l’idée de travailler plus longtemps, l’assure : augmenter le taux d’emploi des seniors à 80 %, au même niveau que celui des 25-49 ans « n’a rien d’irréaliste : il prévaut en Suède, par exemple ». À condition que les pouvoirs publics et les entreprises jouent le jeu.

Valoriser les seniors

Son livre invite à changer de politique envers les salariés âgés de 55 à 64 ans. « Les travailleurs seniors ont bien changé : sauf chez les ouvriers, ils sont en meilleure santé, plus qualifiés et cette population s’est nettement féminisée (50 % de femmes). » L’auteur relativise ce mythe de leur baisse de productivité, insistant sur leurs capacités d’organisation et de planification reconnues « cruciales », même dans l’innovation. Malgré tout, les « discriminations pures » liées à l’âge restent tenaces. Du côté des pouvoirs publics, Hippolyte d’Albis prône une réelle politique de formation des salariés tout au long de la vie (dans le numérique, surtout) face à la mutation des emplois. Et insiste sur le rôle primordial des entreprises : « À elles de traquer les clichés et discriminations dont pâtissent les seniors », dit-il. S’il rejette l’idée de quotas ou d’index obligatoire, il juge souhaitable « qu’elles établissent des diagnostics d’intégration de leurs travailleurs seniors et réfléchissent à son amélioration. » Le management doit être capable de motiver les plus de 55 ans, en leur confiant de nouvelles missions, pas « des postes artificiels ». Il doit s’assouplir, « prendre en compte les souhaits de certains seniors en termes de flexibilité d’horaires, de travail à temps partiel […], de transition douce entre une situation de travail à temps plein et la retraite. » Ce discours ne date pas d’hier. Il mérite toutefois réflexion si l’âge de départ recule à 65 ans…

Auteur

  • Lydie Colders