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Emploi : Kodiko, des binômes pour l’insertion

Le point sur | publié le : 20.06.2022 | D. P.

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Emploi : Kodiko, des binômes pour l’insertion

Crédit photo D. P.

Depuis 2016, l’association Kodiko propose un programme d’accompagnement des personnes réfugiées vers l’emploi avec une spécificité : l’implication de salariés bénévoles d’entreprises partenaires. Pari réussi pour Ahmad et Christophe…

Partir du projet professionnel des réfugiés et non strictement des besoins de recrutement des entreprises : c’est le choix de l’association Kodiko, qui propose un cotraining avec des salariés d’entreprises partenaires pour aider à la découverte des codes du marché de l’emploi et du monde professionnel. « Pour avoir moi-même vécu à l’étranger, je sais la difficulté d’insertion dans un nouveau pays, constate Cécile Pierrat, présidente de l’association. Nous souhaitons aider les réfugiés à se familiariser avec la France, mais aussi faire évoluer le regard professionnel des entreprises, en considérant que les étrangers ne sont pas un poids, mais au contraire une opportunité. » Financée à 60 % par des fonds publics (ministères du Travail et de l’Intérieur) et par le mécénat privé, l’association sollicite les DRH et les dirigeants d’entreprises, qui informent eux-mêmes les salariés. Les volontaires sont alors formés avant de choisir un binôme. Au menu, un accompagnement individuel de cinq mois à partir du projet professionnel du réfugié.

Des rencontres enrichissantes

Ahmad, un réfugié pakistanais, a vécu cette expérience avec Christophe, chercheur en oncologie chez Sanofi, leader français de la santé (médicaments et vaccins). Diplômé d’un doctorat en pharmacie dans son pays, Ahmad s’est retrouvé dans une situation assez classique : sans équivalence de diplôme en France, impossible de trouver un travail qui correspond à ses compétences et ses aspirations. « J’ai alors suivi un master de santé publique, puis un autre dans le domaine de la méthodologie en recherche clinique », dit-il. Malgré cela, il ne trouve pas de travail et devient interprète à l’OFII (Office français de l’immigration et intégration). « Mon projet était vraiment d’être embauché dans le domaine de la recherche clinique. Par Kodiko, j’ai eu la chance de rencontrer Christophe, qui a cette expérience dans l’industrie. Cela a tout changé », sourit-il.

Pour Christophe, l’engagement est gagnant-gagnant. « L’entreprise nous permet de prendre du temps pour nous engager dans une démarche sociétale, dans le cadre de sa politique RSE », explique-t-il. Les quelques heures par semaine prévues pour le cotraining débordent largement le soir pour les deux hommes, devenus amis. « Ce sont des rencontres fantastiques, riches et précieuses », s’exclame Christophe. Transmettre les codes de la recherche d’emploi est une des missions essentielles de l’accompagnement. « En France, le CV n’est pas fait de la même façon que dans les autres pays et l’on demande aussi une lettre de motivation, c’est spécifique et je ne savais pas m’y prendre », reprend Ahmad. Devenu un relais du programme au sein de son entreprise, Christophe répond aux questions d’autres salariés hésitants, « qui se demandent parfois ce qu’ils vont pouvoir apporter. J’essaie de les rassurer en leur disant que rien que de donner confiance, c’est important. Les réfugiés, qui sont arrivés dans des conditions terribles, ont une motivation et une force de caractère incroyables ». Pour Ahmad, le succès a été au bout du chemin : « J’ai trouvé ma vie et ma voie », résume-t-il. Il a été embauché en CDI il y a un an chez Iqvia, entreprise spécialisée dans la recherche clinique. Christophe, lui, ne cesse de renouveler l’expérience, avec d’autres binômes : « Un médecin du Bangladesh, qui a obtenu un CDI chez L’Oréal, une pharmacienne syrienne, qui commence à avoir des entretiens d’embauche et, depuis deux mois, un pharmacien afghan, engagé dans une longue démarche d’équivalence de son diplôme. » Kodiko a déjà accompagné 1 000 binômes à Paris (ville qui concentre la moitié de l’activité), à Strasbourg et à Rennes, et envisage la création de « franchises sociales », avec d’autres structures, pour s’étendre en France.

Auteur

  • D. P.