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Transition énergétique et transformation sociale

Chroniques | publié le : 20.06.2022 |

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Transition énergétique et transformation sociale

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Benoît Serre vice-président délégué de l’ANDRH

Deux années exceptionnelles, des rapports du GIEC de plus en plus alarmants, une exigence générationnelle de changer plus ou moins radicalement la donne, une crise géopolitique rebattant les cartes de l’énergie et un monde politique qui peine à trouver le bon rythme nous conduisent aujourd’hui à devoir affronter un double enjeu dans les entreprises.

D’une part, la nouvelle définition de la responsabilité pour traiter les maux du monde à moyen terme – avec une urgence à agir qui parfois s’oppose à l’autre crise beaucoup plus immédiate du coût de la vie, sans oublier le nouvel équilibre entre vie et travail, contraintes et libertés, responsabilités et bien-être.

Pourtant, ces enjeux intimement et plus que jamais liés sont pris en compte depuis plus de 30 ans et ont donné lieu à une définition connue, reconnue et désormais revendiquée : la RSE. Historiquement,

la dimension environnementale a pris le pas sur la dimension sociale pour des raisons objectives, la première étant que les États s’en sont emparés à coups de réglementations et d’obligations que subissaient ou accompagnaient les entreprises. La crise sanitaire a servi de point d’orgue à une revendication sociale et sociétale présente depuis longtemps mais sans doute trop peu entendue et écoutée par les organisations. Faute d’avoir su s’en saisir avec suffisamment de force, malgré les efforts évidents de beaucoup d’entre elles, et confrontées à la transformation du travail comme à l’extension de leurs responsabilités, les entreprises doivent désormais intégrer leur responsabilité sociale à la même hauteur que leur engagement environnemental.

C’est un nouvel équilibre qu’il faut trouver car dans le concept même de cette responsabilité, on y trouve l’inclusion, la diversité, le handicap, la protection sanitaire et sociale et la QVT, bien évidemment. Mais pour tenir la distance et s’assurer que ces politiques sont une réalité pour les salariés bénéficiaires, il faut repenser le modèle de management et de contrôle qui l’accompagne, sinon, des politiques construites seront perçues comme une communication plus que comme une conviction… Le champ environnemental est d’ailleurs toujours confronté à cet écart entre perception et intention, puisqu’une minorité de salariés estiment que la politique RSE de leur entreprise a un impact sur eux… Il ne faudrait pas que le même constat soit fait pour la responsabilité sociale – et cela implique un engagement fort et transparent des dirigeants.

La politique RSE des entreprises constitue dès lors le moyen le plus sûr de réconcilier au quotidien et pour l’avenir les enjeux environnementaux et la responsabilité humaine immédiate car ces deux dimensions se soutiennent, se justifient l’une l’autre et surtout, se complètent pour apporter aux salariés une certitude essentielle, source de leur engagement : la cohérence entre les actes et les discours. Pour réussir cela, il faut ajouter deux éléments fondamentaux que sont la transparence et la transversalité des politiques. Transparence car il faut le courage d’expliquer pourquoi on fait ou ne fait pas telle ou telle chose. La transversalité est encore plus importante puisque chaque projet ou chaque initiative du champ social ou du domaine environnemental doit être évalué à l’aune de ces dimensions. Il est d’ailleurs regrettable que le législateur n’ait pas eu ce raisonnement en instaurant le principe de consultation des instances sur les impacts environnementaux des décisions. Il aurait été plus fort et plus crédible d’exiger, pour chaque projet et dans une même logique, une consultation des instances sur les impacts sociaux et environnementaux de la stratégie d’entreprise plutôt que les distinguer. Les partenaires sociaux, les dirigeants et les salariés ne peuvent désormais envisager la RSE que comme un tout cohérent, inséparable et équilibré dans les intentions comme dans les investissements !