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Au Japon, les entreprises vont jusqu’à harceler les étudiants pour les recruter

À retenir | publié le : 20.06.2022 | Lys Zohin

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Officiellement, la chasse aux nouveaux talents a commencé le 1er juin, peu avant la remise des diplômes universitaires. Mais face à la pénurie de main-d’œuvre qui sévit au Japon, de nombreuses entreprises avaient entamé leurs manœuvres d’approche bien avant la date fixée par les autorités. Selon un cabinet spécialisé dans le recrutement, Recuit Co., 65,4 % des étudiants qui vont obtenir leur diplôme dans les semaines qui viennent avaient déjà reçu, au 15 mai, des offres d’embauche, une augmentation de 6,2 points par rapport à l’an dernier. Et pour s’assurer que les jeunes diplômés viennent bien chez elles, les entreprises recourent à des méthodes qui frisent la pression, voire le harcèlement. Ainsi, alors que les talents débutants reçoivent de nombreuses propositions et peuvent hésiter entre un employeur et un autre, les entreprises leur font signer, ce qui est parfaitement illégal, des engagements à ne pas chercher d’emploi auprès d’un autre employeur, alors que de leur côté, les contrats ne sont pas encore prêts ! Une étudiante qui va bientôt être diplômée raconte ainsi dans la presse qu’elle avait eu une offre de la part d’une entreprise, et s’était – de façon informelle – engagée à y entrer, mais finalement en a préféré une autre. Et elle s’est retrouvée sous le feu des relances et des invectives de la part du recruteur s’estimant lésé, ce dernier l’accusant d’avoir menti… Selon une récente enquête gouvernementale, en mars dernier, 11,6 % des jeunes diplômés ou futurs diplômés rapportaient avoir eu ce genre de mauvaise expérience avec des entreprises qui leur avaient offert un poste, une augmentation de 2,6 points par rapport à mars 2021. Certes, selon Disco, un cabinet spécialisé dans l’information en recrutement, 42,2 % des entreprises interrogées pour une enquête déclarent avoir, en mai 2022, des difficultés, voire des difficultés extrêmes, pour recruter, une hausse de plus de 14 points par rapport à mai 2021. Mais il n’en reste pas moins que ces méthodes, si elles reflètent la volonté désespérée des employeurs de s’assurer de la venue de nouveaux salariés, dans un contexte extrêmement compétitif, ne pourront que biaiser la relation employeur-employé, avant même la prise de poste… D’ailleurs, selon Recruit Co., les étudiants déclarent, à 43 %, que malgré une première offre, ils ont l’intention de continuer à charger ailleurs… Le droit japonais est peu protecteur dans le domaine du recrutement. Seules des recommandations officielles évoquent la nécessité de prendre des mesures correctives si des étudiants en recherche de poste se plaignent de harcèlement. Car si une loi a bien pris effet en juin 2020, obligeant les grandes entreprises et, depuis avril dernier, les PME et ETI, à lutter contre le harcèlement (et à promouvoir des femmes dans la hiérarchie), elle ne porte que sur les salariés en poste. Seul recours pour ces étudiants sous pression, chercher du soutien auprès de leur université, conseille Masanao Tanide, un consultant en emploi.

Auteur

  • Lys Zohin