C’est le premier test de discrimination sur le marché du travail réalisé à l’échelle de l’ensemble des entreprises d’un territoire de 230 000 habitants : l’Avesnois, situé dans le département du Nord. Dans cette étude publiée dans la Revue d’économie régionale et urbaine, Denis Anne et ses collègues détectent un effet de discrimination résidentielle, mais uniquement pour les hommes. L’expérience portait aussi sur d’éventuelles discriminations sur la population d’origine maghrébine, mais celles-ci n’ont pas été détectées. Dans le détail, le taux de succès maximal pour obtenir un entretien d’embauche, après l’envoi d’une candidature spontanée, est atteint par la candidate d’origine française résidant dans un quartier prioritaire de la ville (7 % des candidatures spontanées), puis pour la candidate maghrébine. Le candidat le plus pénalisé est le Français qui réside en quartier prioritaire (moins de 2 %). Ainsi, les hommes habitant ces quartiers voient leurs chances réduites de 65 %. La pénalité induite par le lieu de résidence « est donc sensible au genre ». Ce résultat était inattendu, car il n’avait pas été démontré dans les études antérieures. Il pourrait s’expliquer par les formes de violences, majoritairement commises par des hommes, selon les statistiques relayées par les médias : « Le bilan statistique 2019 “Insécurité et délinquance” du ministère de l’Intérieur montre par exemple que sur l’ensemble des personnes mises en cause pour coups et blessures volontaires, 84 % sont des hommes. De la même manière, sur l’ensemble des personnes mises en cause pour crimes et délits à caractère sexuel, 97 % sont des hommes. Les victimes, quant à elles, sont souvent des femmes. »