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Reconversion : Prendre le train de la transition industrielle

Le point sur | publié le : 13.06.2022 | L. T.

ArcelorMittal, Bosch, les raffineries de Grande-Synthe, la centrale à charbon de Saint-Avold… Ces grands noms de l’industrie ont annoncé des fermetures d’usines et des reconversions. État des lieux.

Si la fermeture des deux dernières centrales à charbon françaises, dont celle de Saint-Avold (Moselle), était une promesse d’Emmanuel Macron, cette activité pourrait bien être prolongée par décret, du fait de la guerre en Ukraine et des problèmes d’approvisionnement énergétique… Les reconversions du site et de ses sous-traitants étaient pourtant programmées, au moins en partie. Sur les 87 salariés de la centrale, une cinquantaine doit partir à la retraite ou préretraite, une dizaine d’entre eux ont été embauchés ailleurs et trois salariés vont bénéficier d’un congé formation de longue durée. En outre, huit salariés auraient reçu une promesse d’embauche pour travailler dans la future chaudière à biomasse. Après le charbon, la centrale brûlera en effet du bois. Quelque 12,7 millions d’euros devraient être investis par l’État dans ce projet. « Ces salariés font l’objet d’un accompagnement personnalisé de la part du ministère de la Transition écologique. Cette centrale biomasse va créer de l’emploi à peu près équivalent, même un peu plus. Gazel, qui est l’opérateur, s’est également engagé à faire des propositions au sein de ses autres activités. Et bien entendu, notre objectif, c’est de trouver une solution pour chacun et cela ne s’arrête pas aux personnels qui travaillent pour la centrale », annonçait la ministre déléguée à l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, en mars dernier. Nommée ministre de la Transition énergétique, elle prône un diagnostic de l’impact de la fermeture de la centrale pour voir avec les entreprises du secteur comment repositionner leur activité et trouver un débouché pour chacune. En Grand Est également, la région soutient ArcelorMittal, « exemple d’une reconversion industrielle réussie », vante un communiqué du président Jean Rottner. Numéro 1 de la sidérurgie européenne et fournisseur majeur de l’industrie automobile, ArcelorMittal doit moderniser ses usines et développer son activité de transformation de l’acier. À Florange, un lieu de formation des salariés aux futures technologies est prévu, avec une ambition : « Devenir la référence digitale pour la sidérurgie européenne ». En outre, à Mardyck, dans le Nord, le même groupe a annoncé en mars dernier un investissement de plus de 300 millions d’euros, avec le soutien de l’État, pour produire des aciers destinés à l’industrie et à l’électro-mobilité. Soit une nouvelle unité de production de ces aciers dits « électriques », destinés notamment aux moteurs de véhicules électrifiés. Cet investissement devrait créer plus de 100 emplois directs.

Défis structurels

De son côté, le groupe Bosch doit répondre aux « défis structurels considérables auxquels est confronté le secteur automobile, situation encore aggravée par la crise mondiale de la Covid », reconnaît le groupe. Alors que le site de Rodez produit exclusivement des composants pour moteurs diesel, Bosch souhaite le faire évoluer « dans les six prochaines années pour assurer son avenir », selon Heiko Carrie, président France Benelux. La production de composants diesel va diminuer, le nombre d’emplois aussi – de 1 150 à 513 salariés d’ici à 2025. Les syndicats CGT, CFDT, SUD et CFE-CGC ont néanmoins validé un accord de transition de l’usine pour fabriquer des piles à combustible pour les camions frigorifiques.

Cette transition de l’industrie automobile française vers de nouvelles motorisations pèse aussi largement sur les fonderies, où la reconversion n’a pas forcément été anticipée. La Fonderie du Poitou a ainsi fermé ses portes. La Fonderie de Bretagne attend encore de connaître son sort. Les véhicules électriques nécessitent en effet près de quatre fois moins de pièces en acier que les véhicules à moteur thermique. Le secteur compte 365 entreprises, pour 30 000 emplois en France, dont la moitié est liée à l’automobile.

Ces différents exemples montrent l’état d’avancement, inégal, des entreprises françaises face aux transformations, pourtant désormais reconnues comme inéluctables. De nouvelles initiatives émergent pour les aider. La dernière en date concerne le secteur du transport aérien. L’accord Air’EDEC 2025, signé le mois dernier par la branche professionnelle du secteur, veut « anticiper et accompagner les transformations métiers en adaptant l’offre de formation ». Un accord assorti d’une enveloppe de 960 000 euros, cofinancé à 50 % par l’État, avec une attention particulière accordée aux TPE-PME du secteur (moins de 250 salariés) ainsi qu’aux salariés les plus fragilisés dans leur emploi.

Auteur

  • L. T.