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Sur le terrain

Management : Chez Mobil Wood, le collectif passe avant tout

Sur le terrain | publié le : 06.06.2022 | Lys Zohin

Après avoir tenté, entre 2016 et 2018, d’appliquer les principes de hiérarchie plate de l’holacratie, la PME de l’Yonne, spécialisée dans les agencements en bois, a finalement réintroduit des managers, mais avec une nouvelle culture, faite de bienveillance et d’exigence.

Depuis la publication de La Vie secrète des arbres (2017) de l’ingénieur forestier et écrivain allemand Peter Wohlleben, on sait que les arbres communiquent, collaborent, prennent soin les uns des autres. Et quoi de plus évident pour Mobil Wood, une société spécialisée dans les agencements en bois pour des magasins bio, des librairies, des pharmacies, basée sur deux sites près d’Auxerre, dans l’Yonne, que de s’en inspirer pour son fonctionnement quotidien ? Ne s’est-elle pas donnée comme raison d’être « Au nom du bois, la forêt comme modèle de design et d’organisation » ?

Pour la traduire dans les faits, Mobil Wood a donc tenté, entre 2016 et 2018, d’appliquer d’abord les principes, rigoureux, de l’holacratie, faits d’autorité distribuée et de cercles, avec des rôles, parfois multiples, pour chaque membre. « L’idée était d’explorer d’autres façons de faire, sous-tendues par la responsabilité individuelle et collective et la subsidiarité. Mais la mutation a été trop rapide et nombre de collaborateurs ont perdu leurs repères. Le service aux clients en a été perturbé », résume Nicolas Proquin, directeur général depuis mars 2021. L’ambition était bien d’accroître le bien-être des 75 salariés en donnant plus de sens à leur travail, « avec pour conséquence – et conséquence seulement – une amélioration des résultats, mais surtout, in fine, un impact positif, aussi bien environnemental que territorial, plus fort. Mais il a fallu “rembobiner”… », poursuit-il. Le dirigeant a donc pris le contre-pied de l’holacratie, en renforçant le rôle hiérarchique des managers. Mais pas n’importe comment.

Avoir le courage de dire

Ces derniers doivent avant tout guider, avec bienveillance, les équipes. « Il ne s’agit pas d’avoir du pouvoir sur les collaborateurs mais dans la relation avec eux. Le pouvoir est là, il faut en faire quelque chose de positif », précise-t-il ainsi. D’autant que la stratégie actuelle, temporaire, vise à dérouler de nouveau, dans les mois qui viennent, une nouvelle culture d’entreprise. Également coach en management, Nicolas Proquin souhaite qu’elle soit double et conjugue à la fois bienveillance et exigence. « Vis-à-vis de soi et des autres, explique-t-il. Ce qui implique, pour un manager comme pour un membre d’une équipe, d’avoir le courage de se dire les choses. »

« La philosophie de Mobil Wood est de permettre à chacun de se développer », confirme Marie Sonnois, dans l’entreprise depuis quatre ans. De l’époque de l’holacratie, elle conserve d’ailleurs plusieurs casquettes, avec un rôle au bureau d’études techniques, associé à d’autres, en lien avec la responsabilité sociale et environnementale de l’entreprise, ainsi que la certification B Corp, octroyée à des sociétés commerciales répondant à certaines exigences sociales et environnementales ainsi qu’à des exigences en matière de gouvernance et de transparence vis-à-vis du public. Mobil Wood l’a obtenue en janvier 2021, devenant ainsi la première menuiserie de France à être certifiée.

Vers une gouvernance organique

Pour la jeune femme, le retour des managers a remis du cadre. « Le qui fait quoi est important, en particulier dans les ateliers, désormais dotés d’un coordinateur, sans rôle hiérarchique. Cela nous permet de gagner en efficacité. Nous avons cependant gardé l’intelligence collective, un outil très puissant », dit-elle. De fait, nombre de décisions sont prises en commun. C’est vrai pour les candidats à recruter mais aussi les augmentations de salaires. « Cette année, nous avons décidé de faire des augmentations collectives. Nous avons fait appel à des volontaires, guidés par une facilitatrice, pour la répartition de l’enveloppe générale entre équipes », poursuit-elle. Le chemin est désormais tracé. C’est celui de la gouvernance organique. « Afin de prendre les décisions au plus près de là où l’entreprise a un impact, nous aurons peu de hiérarchie et de supervision directe », conclut Nicolas Proquin.

Auteur

  • Lys Zohin