Dans sa 4e campagne pour la diversité, le groupe La Poste a choisi de sensibiliser ses 180 000 collaborateurs aux stéréotypes, entretenus sur le lieu de travail par des petites phrases, en apparence anodines.
« Alors les filles, ça parle chiffons ? », « C’est marrant, tu ne fais pas gay », « Quand je cherche une place de parking, je t’envie » et « C’est vrai que vous avez le rythme dans la peau… ». Avec ces quatre phrases « choc », déjà entendues à la machine à café, le groupe La Poste a décidé de sensibiliser ses 180 000 collaborateurs aux discriminations liées au genre, à la sexualité, au handicap ou à l’origine, à l’occasion de sa campagne pour la diversité. Quatre affiches qui annoncent le type de discrimination, et surtout, sont accompagnées d’une autre phrase rappelant que « ce n’est pas parce que vous n’y voyez rien de mal que ça ne fait pas mal ».
« À travers cette campagne, le groupe La Poste réaffirme sa tolérance zéro concernant tous les comportements qui refusent la différence ou sont discriminatoires. Elle libère la parole et favorise les discussions entre postiers autour de ce sujet », note le communiqué de presse de la campagne, qui a été déployée jusqu’à la fin mai.
Pour Florence Wiener, directrice de la stratégie sociale et de la QVT, s’engager sur ces thématiques fait « partie de l’ADN » de La Poste. « Le fait d’y revenir régulièrement permet de faire progresser les choses. Car dire une fois ne suffit pas », explique-t-elle. Cette campagne « Combattons ensemble tous les stéréotypes » est en effet la quatrième pour le groupe.
Le règlement intérieur ainsi que les accords sociaux permettent également de lutter contre toutes formes de discriminations. « Sur le handicap, nous en sommes à notre 7e accord, sur l’égalité professionnelle au 4e, et nous avons aussi un accord pour les aidants », énumère Florence Wiener, qui ajoute que le groupe comprend 52,7 % de femmes dans les effectifs et 52 % de femmes à des postes d’encadrement, dont 39,7 % parmi les cadres dirigeants et stratégiques. De même, l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes n’est que de 0,2 %. Et La Poste a également un taux d’emploi de personnes handicapées (8,66 %) supérieur à l’obligation légale (6 %).
Sur chacun des sujets, la directrice de la stratégie sociale suit les indicateurs – mesures de la diversité, baromètre auprès des personnes LGBT+ ou handicapées… Des supports de formation et de sensibilisation ont aussi été mis à disposition des managers et collaborateurs. « En 2021, nous avons diffusé un guide sur le sexisme à l’ensemble de nos managers et responsables RH, qui ont également accès à des formations en ligne sur la diversité, l’égalité professionnelle et le handicap », indique-t-elle.
Mais « organiser les campagnes de communication, avec ces prises de paroles directes auprès des collaborateurs, permet de travailler différemment et de manière complémentaire. Car si nous pensons avoir de très bons indicateurs, nous voulons aussi nous assurer que dans les attitudes et les conversations de tous les jours, les relations se passent bien. Parfois, des propos sont stigmatisants et peuvent affecter des personnes concernées ou les témoins », rappelle ainsi Florence Wiener.
En outre, pour aller plus loin dans la promotion de l’égalité des personnes LGBT+ et un accompagnement des personnes transgenres, La Poste a étendu aux couples homosexuels masculins et féminins toutes les mesures postales liées à la parentalité et signé la Charte LGBT+ de L’Autre Cercle pour réaffirmer son engagement et créer un environnement inclusif.
« Je trouve ces campagnes très utiles, car elles s’inscrivent dans la politique institutionnelle de La Poste sur les sujets de discriminations et de préjugés, observe Laurent Cosier, référent fédéral CFDT handicap et diversité du groupe. Dans ce domaine, il n’y a pas grand-chose à reprocher à La Poste. Les accords sociaux sur le handicap, l’égalité professionnelle, les aidants montrent la réelle volonté de l’entreprise de lutter contre les discriminations. Mais compte tenu de la taille de l’organisation, il y a forcément des lieux, des moments, où certains dévient de la ligne officielle. » Aussi, ce représentant syndical propose de « renforcer le pilotage national sur la bonne application de ces valeurs d’inclusion, de tolérance et d’ouverture ». Comment ? « Les outils et la formation, notamment, sont là, mais il faut faciliter les remontées de terrain pour faire régresser les mauvaises pratiques », suggère-t-il – pour que plus personne n’entende de phrases déplacées et discriminatoires à la machine à café…
