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Les jeunes au travail : comment bifurquer ?

Chroniques | publié le : 30.05.2022 |

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Les jeunes au travail : comment bifurquer ?

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Martin Richer Management & RSE

Lors de leur cérémonie de remise des diplômes le 30 avril 2022, un collectif d’étudiants d’AgroParisTech a dénoncé la formation qu’ils ont suivie et l’avenir qu’elle leur prépare. Ils ont appelé leurs camarades à « bifurquer », pour s’orienter, par exemple, vers des métiers « en marge du système » ou pour « rejoindre des luttes écologiques et paysannes ». La vidéo de cette séquence flirte aujourd’hui avec le million de vues – vous pouvez contribuer à cette montée en suivant le lien au bas de cette page. Leur discours tourne le dos à un certain confort – matériel et intellectuel – et reflète le sens de l’urgence de leur génération. Pourtant, il laisse un goût d’inachevé.

L’enseignement supérieur est à la traîne

Il n’a pas su à ce jour remettre en cause la plupart de ses cursus pour prendre en compte le monde d’aujourd’hui : rareté des ressources, réchauffement climatique, perte de biodiversité, creusement des inégalités, etc. L’initiative de ces étudiants s’inscrit dans une démarche plus large lancée en octobre 2018 par le Manifeste Étudiant pour un Réveil écologique, imaginé par des élèves d’AgroParisTech (déjà), de l’École Polytechnique, d’HEC Paris et d’autres établissements. Signé par plus de 30 000 étudiants, il a pour but de repenser l’éducation et le fonctionnement des entreprises. En février 2021, ce collectif a publié un rapport très documenté, « L’écologie aux rattrapages », qui dressait un diagnostic critique sur le retard de 39 universités, écoles d’ingénieurs et écoles de commerce, dans l’intégration du développement durable à leurs enseignements.

Les établissements d’enseignement doivent s’ouvrir à un réel pluralisme, seul moyen de donner envie d’apprendre. Le mot « savoir » vient du latin sapere, ce qui a du goût, de la saveur.

Les entreprises doivent accepter une profonde remise en cause

Sur le modèle du Manifeste, des salariés ont créé des mouvements au sein des grandes entreprises, des coordinations plus ou moins formelles, qui se multiplient (Axa, Suez, Michelin, Bouygues, EDF, Airbus, Engie, IBM…). Ils sont fédérés par « Les Collectifs », une union, réunissant une trentaine de collectifs de salariés engagés dans la transition écologique, créée en avril 2021, qui s’est rapprochée d’Impact France, un réseau d’entrepreneurs et de dirigeants : les collectifs de salariés et de dirigeants engagés s’allient pour transformer les entreprises.

Et, de plus en plus, ce qui se fait à l’intérieur devient visible à l’extérieur : les agences de notations, les réseaux sociaux, les labels, les sites comme Glassdoor, tout concourt à faciliter la diffusion de l’information sur les impacts des entreprises.

Où est le leadership ?

Il se passe à AgroParisTech la même chose que dans toutes les organisations qui persistent à ne pas entendre ceux qui portent le futur : les « leaders » se font dépasser par leurs troupes ! Le collectif d’étudiants du Réveil écologique a d’ailleurs mis en place des outils qui permettent d’analyser la politique environnementale d’une entreprise afin d’aider les candidats à choisir leur futur employeur : https://pour-un-reveil-ecologique.org/fr/choisir-son-entreprise/

Ces interventions des étudiants, qui jaillissent de toute part, sont un signal pour crier que ceux qui font avancer, les rebelles de l’intérieur, n’y arrivent plus, n’y trouvent plus une réponse à la hauteur de leurs aspirations.

Écoutons Patricia Plas, directrice des affaires publiques, et Céline Soubranne, directrice RSE d’Axa, qui interpellent leurs pairs : « Tout le challenge consiste à ouvrir le capot de l’entreprise et à dire aux équipes que tout ce que nous avons mis en place dans l’ancien monde, il faut aujourd’hui le déconstruire. Cela implique de déconstruire les comportements humains en même temps que les process. C’est un travail de longue haleine. » Alors, au travail !