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Royaume-Uni : Les seniors désertent en masse le marché du travail

À retenir | publié le : 30.05.2022 | Lys Zohin

L’économie britannique a un problème avec les plus de 50 ans : dans le sillage de la pandémie de Covid-19, ils désertent en masse le marché du travail. De quoi causer bien des soucis aux entreprises comme au gouvernement. En effet, aujourd’hui, en comparaison avec la période pré-pandémique, environ 300 000 personnes supplémentaires âgées de 50 à 65 ans (la retraite étant à 66 ans) sont « économiquement inactives », autrement dit, elles n’ont plus d’emploi et n’en cherchent pas, au point que la presse ne parle plus de « silver économie » mais d’un « silver exode »… Et selon l’étude de trois professeurs d’économie à l’université d’Essex, ce ne sont pas, contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, seulement les classes aisées qui, surtout si elles ont épargné pendant la pandémie, se retirent du monde du travail. En fait, le phénomène est principalement concentré dans les classes moyennes, voire basses, qui délaissent le commerce de gros et de détail, le transport et l’industrie manufacturière, où elles travaillaient précédemment. Connaissent-elles des difficultés pour trouver un emploi après la crise au point d’abandonner leurs recherches ? Peut-être. Mais il n’empêche que si ces phénomènes de retrait se produisent après chaque crise, les trois professeurs relèvent que la hausse du taux d’inactivité chez les plus de 50 ans est aujourd’hui trois fois plus forte qu’après la crise économique de 2008. Sont-ils découragés par les conditions de travail et de salaire ? Sans doute. Vont-ils revenir dans quelques mois, une fois l’économie pleinement repartie ? Les trois professeurs sont sceptiques… Et cette perspective de non-retour a de quoi poser plusieurs problèmes. D’abord, cet exode a lieu alors que les entreprises font face à une pénurie de main-d’œuvre inédite. Si ces anciens salariés se retirent du vivier, cela ne facilite pas la tâche pour les recrutements. Ensuite, du fait des revenus sans doute limités de ces retraités par anticipation, il est probable qu’à terme, ils connaissent des difficultés financières, auxquelles le gouvernement devra répondre d’une manière ou d’une autre, alors qu’il a pour habitude d’aider les classes pauvres, certes, mais pas forcément les classes moyennes. À moins que le renchérissement du coût de la vie force ces retraités avant l’âge à rejoindre le marché du travail dans les mois qui viennent… Mais ce serait, comme le signalent les trois experts de l’université d’Essex, régler un problème « grâce » à un autre – ce qui n’est pas de nature à rendre les salariés, les entreprises ni le gouvernement « plus heureux », disent-ils, les premiers estimant que leur pouvoir d’achat est sans cesse rogné, les deuxièmes devant consentir des augmentations salariales, et le troisième étant aux prises à la fois avec l’inflation, la grogne sociale et celle du patronat…

Auteur

  • Lys Zohin