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Sur le terrain

Conditions de travail : Être policier à Montréal, un job en or

Sur le terrain | publié le : 23.05.2022 | Ludovic Hirtzmann

Le service de police de la ville a su choyer ses équipes en leur offrant d’excellentes conditions de travail et salariales. En conséquence, les forces de l’ordre sont motivées et respectées par la population. Dernière initiative en date, des duos avec des travailleurs sociaux.

C’est l’un des métiers les mieux rémunérés de la société québécoise, compte tenu du faible niveau d’études des équipes. En effet, le service de police de la ville de Montréal (SPVM) ne compte qu’un titulaire d’un doctorat et moins de 10 % des effectifs ont un master. Après un diplôme d’études collégiales en sciences policières (NDLR : équivalent de la première au lycée, plus deux ou trois ans d’études), un policier du SPVM est embauché à 46 000 dollars canadiens par an (environ 33 500 euros), une rémunération qui atteint plus de 63 000 euros annuels au bout de six ans, soit presque quatre fois le salaire minimum dans la Belle province ! Et il faut souvent y ajouter quelques dizaines de milliers de dollars, en raison des heures supplémentaires et des primes. Mieux, les hausses de salaire sont continues et élevées lors des négociations collectives.

Un syndicat puissant

À l’instar de 40 % des salariés québécois, les policiers sont affiliés à un syndicat puissant, toujours capable d’obtenir plus à chaque nouvelle négociation collective. Au point que les contribuables de Longueuil, une ville tranquille de 200 000 habitants en banlieue de Montréal, versent à leur chef de police plus de 300 000 dollars canadiens par an, soit plus que le salaire du Premier ministre fédéral ! Aux conditions salariales avantageuses des policiers s’ajoutent une excellente mutuelle, un bon fonds de pension et la possibilité de partir à la retraite après trente ans de carrière.

Le SPVM a également investi dans des équipements pour son personnel, tant en ce qui concerne les véhicules, de puissantes berlines, que les ordinateurs, présents dans chaque voiture de patrouille. Enfin, si Montréal a bien connu quelques affrontements entre bandes rivales haïtiennes ces derniers mois pour le contrôle de la drogue et de la prostitution, le risque d’un accident mortel pour les policiers demeure très faible. La métropole québécoise et sa banlieue comptent quatre millions d’habitants, mais les policiers ne sont pas classés dans le top 15 des métiers les plus à risque du Québec. Ce sont plutôt les camionneurs, les couvreurs ou les pêcheurs.

Les bonnes conditions de travail de la police ont des conséquences positives sur la vie quotidienne des Montréalais. Lorsqu’ils ne patrouillent pas en voiture dans les quartiers, ce qui est presque toujours le cas, les 4 800 policiers se déplacent à pied, à vélo ou à cheval dans certains parcs. Objectif ? Entretenir leur forme physique, mais aussi et surtout se poser en interlocuteur à qui l’on peut s’adresser sans crainte. Ainsi, les forces de l’ordre se déplacent dès qu’une alarme se déclenche dans une maison.

Enfin, dernière initiative du SPVM, faire intervenir des équipes en duo, policier et travailleur social, pour désamorcer les crises liées à la santé mentale. Ces policiers et travailleurs sociaux patrouillent pour agir lors de situations difficiles avec des personnes droguées ou en cas de violence conjugale. « On arrive là avec chacun nos spécialités, nos forces et nos visions. On prend le temps avec les gens pour faire désescalader la situation. Et souvent, on parvient à convaincre la personne de se faire transporter volontairement à l’hôpital », a confié récemment au Journal de Montréal le criminologue Éric Lefebvre. « L’équipe de soutien aux urgences psychosociales compte six policiers, incluant un superviseur et quatre intervenants sociaux […] Ils sont regroupés en duos mixtes (un policier et un intervenant social) qui patrouillent sur l’ensemble du territoire servi par le SPVM à bord d’un même véhicule. Ils interviennent directement en première ligne auprès de personnes en situation de crise ou dont l’état mental est perturbé », précise le SPVM.

À la peine sur la diversité

Les policiers issus des minorités visibles sont encore largement minoritaires, de l’ordre de 9 %, contre une représentation de plus d’un tiers dans la société montréalaise. Le SPVM a mis en place des programmes d’intégration réservés aux Autochtones et aux minorités ethniques ou visibles, en facilitant leur recrutement depuis ces deux dernières années via des campagnes sur les réseaux sociaux. Malgré ces avancées, le SPVM doit progresser dans un autre domaine : celui de l’embauche de femmes. Les policiers montréalais ne comptent actuellement que 34 % de présence féminine dans leurs effectifs…

Auteur

  • Ludovic Hirtzmann