Reanova, une PME francilienne qui œuvre pour la rénovation énergétique des copropriétés, est devenue société à mission dès 2020, faisant partie des pionniers en la matière. Édouard de Rugy, associé-fondateur, revient sur la genèse et les avantages, en particulier RH, de ce choix stratégique.
Reanova a été créée en 2011, et se situe à Velizy. Nous avions tout bon, au sens où nous travaillions pour lutter contre la précarité énergétique, diminuer l’empreinte environnementale des bâtiments et valoriser le patrimoine immobilier. Mais la filière de la rénovation énergétique n’en était qu’à ses débuts à ce moment-là et nous avions du mal à convaincre les clients, notamment les syndics, et à engager les salariés (une poignée à l’époque et 40 aujourd’hui). Nous avions d’ailleurs aussi des difficultés à recruter… Il nous fallait donc expliciter notre vision et trouver un cadre pour incarner notre concept. Nous avons fait appel à Accroche-com, une agence de conseil spécialisée, qui a tout d’abord analysé nos forces et faiblesses auprès de nos différents publics, puis proposé des séances d’échanges pour formaliser notre vision. À la veille de la crise Covid, elle nous a conseillé, dans le cadre d’une stratégie plus large, d’attester de nos convictions en devenant entreprise à mission. C’est ainsi que nous avons élaboré notre raison d’être, qui reprend les trois impacts clés de nos activités, et que nous avons adopté cette qualité dès 2020. Et depuis, les collaborateurs, en particulier, savent pourquoi ils se lèvent le matin et pourquoi, parfois, nous leur demandons des efforts…
Absolument ! À l’engagement, à l’attractivité et à la fidélisation. Nous avons recruté dix personnes depuis le début de cette année et certains candidats nous ont dit clairement qu’ils postulaient parce que Reanova est une société à mission. Il n’y a pas de recette magique pour accroître l’attractivité ni la rétention, mais cette qualité valorise grandement l’entreprise. Cela nous singularise et nous permet, dans les entretiens d’embauche, en particulier, d’aller rapidement vers des sujets de fond. De même, notre taux de rétention est élevé : nous n’avons eu qu’une démission l’an dernier et je crois que le fait que les salariés soient investis, notamment dans le cadre du comité de mission mis en place, contribue là aussi à engager et fidéliser l’ensemble des salariés. Ce comité, qui comprend aujourd’hui six collaborateurs et que nous comptons ouvrir à l’avenir à d’autres parties prenantes, se réunit tous les deux mois environ, pour proposer des initiatives : stratégiques, avec le développement de nouvelles offres, ou commerciales, grâce au ciblage de nouveaux clients. Le tout, évidemment, au regard des priorités énoncées dans notre raison d’être. Ce qui veut dire qu’il peut m’arriver de mettre de côté une opportunité intéressante financièrement, mais qui ne correspond pas à notre raison d’être. Ce que comprennent les collaborateurs… D’ailleurs, le comité travaille sur de nombreuses données, en toute transparence, ce qui fait que notre qualité de société à mission est « opposable », et cela agit comme une véritable boussole. Nous devons être alignés. Et nous le sommes. Mais il s’agit, compte tenu de l’urgence climatique, de travailler à massifier la rénovation. Le défi, désormais, est donc d’innover en permanence pour nous donner de nouveaux objectifs, afin d’aller plus loin dans nos missions au quotidien et d’embarquer également tous les services de l’entreprise.
Oui. Cela va d’un accord sur le temps de travail, noué récemment à la suite d’une demande forte des collaborateurs, qui a permis de réorganiser le temps de travail et de dégager ainsi une dizaine de jours de congé en plus, à un mode de management ouvert en passant par un projet de participation aux bénéfices, que nous mettrons sans doute en place en 2024, d’autant que la société est en croissance. Nous avons déjà deux filiales, à Bordeaux et à Lyon. Je pense en outre que nous aurons un effectif de plus de 100 salariés en 2025. Enfin, nous n’avons pas de DRH pour l’instant. Ces tâches sont éclatées entre la direction administrative et financière, notre cabinet d’expertise comptable et la direction de l’entreprise. Mais je pense que nous nous doterons sans doute d’un DRH l’an prochain. Ce qui est sûr, en tout cas, c’est que ce ne sera pas un ou une professionnel(le) « classique », du fait que nous sommes une société à mission.