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Sur le terrain

Dialogue social : Un nouvel accord sous le signe du numérique chez InVivo

Sur le terrain | publié le : 16.05.2022 | Lucie Tanneau

Le document signé par la direction du groupe agroalimentaire et la majorité des syndicats réaffirme l’importance du dialogue social et en fixe les nouvelles modalités, testées pendant la crise sanitaire.

Un document de 32 pages, signé en février dernier par six organisations syndicales sur sept (CFDT, CFE-CGC, CFTC, Solidaires SDACOOPA, FGTA-FO et SUD Commerces et services), la FNAF-CGT, en désaccord de longue date avec l’architecture générale du groupe (et notamment la multiplication des unités économiques et sociales au détriment d’un comité central d’entreprise), ayant refusé de le parapher. Après six mois de négociations, en grande partie à distance, le nouvel accord de dialogue social du groupe InVivo, leader de l’agroalimentaire en France, renouvelle les dispositions prises en 2011 et les met à jour. « Après plus de dix ans, ça valait le coup de reprendre les fondamentaux », résume le DRH groupe, Sébastien Graff.

Communication à distance

Au rang des nouveautés, InVivo reconnaît que « l’actualité liée à la crise sanitaire a permis aux acteurs du dialogue social de développer des modes de communication modernes, agiles et rapides » pour échanger sur l’évolution d’une situation particulière. Ce mode de communication peut être « reconduit et institutionnalisé », déclare l’accord. Un pas de géant alors que les syndicats n’auraient jamais imaginé négocier en visioconférence dans le passé.

La crise sanitaire a aussi permis de tester la mise en place de groupes de concertation avec la direction générale et/ou la DRH, les élus du comité de groupe et les secrétaires et adjoints des CSE centraux et des CSE. La constitution de tels groupes est inscrite dans l’accord en cas d’« évènement majeur pour la vie de la société, tel que : situation sanitaire, information économique structurante pour l’organisation, information sociale majeure… ».

En matière d’organisation concrète, l’utilisation du bureau virtuel InVivo (400 000 euros ont été investis avant la crise pour ce système) a été normalisée par le travail à distance. L’accord l’intègre donc « comme une des réponses à l’aménagement de travail en distanciel », y compris au niveau du travail syndical et du dialogue social. « Les organisations syndicales ont demandé à avoir leur propre accès pour poster leurs tracts, puisqu’elles ne sont plus tous les jours sur site », détaille le DRH, qui se félicite de cette évolution et de la maturité de la discussion. « Il est convenu que le bureau virtuel InVivo se substituera aux panneaux d’affichage sur les sites administratifs », ajoute-t-il, pour poursuivre : « En 2014-2015, je me souviens avoir commencé à parler de dialogue social numérique. La discussion s’était arrêtée net. Personne n’était mûr. Cette fois-ci, cela s’est fait naturellement. » Et si, pour l’instant, il n’y a « pas de promotion des tracts en ligne, pour respecter l’équité entre syndicats, ce sera une modalité à étudier lors des périodes électorales », souligne-t-il enfin. L’accord prévoit en effet un vote électronique pour les élections des représentants syndicaux, avec une mise en œuvre début 2023 d’un calendrier électoral complètement revu, afin de créer une période commune à l’ensemble du groupe. Une société spécialisée extérieure gérera l’organisation de ces élections à distance.

« On peut craindre que le dialogue social se fasse a minima avec l’application de pratiques qui tendent à faire obstacle (ou à décourager) les minorités contestataires », réagit cependant Myriam Marczak, la coordinatrice CGT InVivo. Pour elle, il fallait notamment « prévoir l’attribution d’une adresse de messagerie interne nominative pour chaque élu(e) mandaté(e) sur une ligne extérieure et/ou un accès aux forums de discussion de l’entreprise afin de recueillir l’avis des salarié(e) s ».

Susciter des vocations

L’évolution de la carrière des représentants syndicaux est également abordée dans l’accord. « Nous serons attentifs à ce qu’ils ne connaissent pas de décrochage salarial et l’entretien annuel inclura l’engagement syndical », assure le DRH. Les organisations syndicales devraient aussi bénéficier de nouvelles heures de délégation pour les questions d’hygiène et de sécurité.

Sébastien Graff espère que cet accord permettra de susciter des vocations… « Nous constatons une érosion de la population syndicale et un fort turn-over, avec des salariés qui s’engagent pour trois ou quatre ans et non pour l’ensemble dans leur carrière, explique-t-il. Il faut imaginer de nouvelles pratiques pour répondre à cette situation. » Avoir un accord écrit, qui rappelle les droits et devoirs de chaque partie, comme une lecture préalable à l’engagement, peut être une réponse…

Auteur

  • Lucie Tanneau