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Les compétences : clé de l’avenir ?

Les clés | À lire | publié le : 09.05.2022 | Lydie Colders

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Les compétences : clé de l’avenir ?

Crédit photo Lydie Colders

Dans « Pour en finir avec le déclin », l’économiste Patrick Artus et la journaliste Marie-Paule Virard explorent les enjeux économiques et sociaux du futur quinquennat. La priorité selon eux ? Augmenter l’employabilité de tous.

Si l’emploi est bien reparti ces derniers mois, les défis qui attendent Emmanuel Macron sont de taille : « Un débat solide sur la politique économique du prochain quinquennat est d’autant plus nécessaire que l’économie française vit un moment de bascule » inédit, soulignent l’économiste Patrick Artus et la journaliste Marie-Paule Virard. Défaillances industrielles, inégalités salariales ou virage écologique, l’après-Covid s’annonce tendu : « Ménages et salariés vont subir à la fois la hausse durable des prix de l’énergie, les destructions d’emplois liés à la transition […], la poursuite de la déformation de la structure des emplois vers des emplois de services peu sophistiqués et mal rémunérés », écrivent les deux auteurs. Comment éviter une crise sociale ? Quelles devraient être les priorités économiques pour redynamiser le pays ? Dans leur livre, ils y vont de leur analyse et de leurs suggestions. En premier lieu, ils jugent « urgent » d’augmenter les salaires de base « de façon significative » dans certains métiers précaires et peu payés. Et suggèrent d’inciter les branches (distribution, services à la personne) à négocier sérieusement, en conditionnant certaines aides publiques, voire en modulant « le niveau de cotisations pour les entreprises » jouant le jeu.

L’enjeu central de la formation

Autre défi à relever, selon eux : l’effondrement des qualifications. Comment expliquer que l’industrie allemande fabrique des produits de qualité, alors que le niveau de gamme est très moyen en France ? « Cette qualité allemande a un secret : des compétences fortes, associées à un effort soutenu de recherche et de modernisation des entreprises », assurent-ils. Or sur ces trois points, la France décroche, déclarent les auteurs, chiffres à l’appui. Du niveau de compétences découle tout le reste et pour Patrick Artus et Marie-Paule Virard, cette « bataille » devrait être le pilier du nouveau quinquennat pour tirer l’économie. Ils appellent donc à développer la formation des jeunes et des chômeurs, et à l’accélérer dans les PME et les TPE. « Il est essentiel que les entreprises n’attendent pas tout de l’État et mobilisent leurs finances et leurs RH sur de véritables plans de formation adaptés et personnalisés. » De même, la transition énergétique menaçant des emplois (ils citent l’industrie automobile), il faudrait « investir massivement dans la reconversion ou l’adaptation des ouvriers sans attendre » et simplifier le dispositif de transition collective « qui ne fonctionne pas ». Globalement favorables à la politique d’Emmanuel Macron, les auteurs critiquent néanmoins la faiblesse de l’innovation « de rupture » française. Dans le privé, l’argent pour la recherche manque en raison de « l’appétit des actionnaires et la préférence pour la rente », expliquent-ils. Mieux vaudrait développer les entreprises de taille intermédiaire non cotées en bourse, voire l’actionnariat salarié. Une vision modérée, assez entrepreneuriale…

Auteur

  • Lydie Colders