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Organisation collective : Entrepreneurs, salariés et associés, pour mieux se lancer

Le point sur | publié le : 09.05.2022 | Nathalie Tissot

Présentant les avantages de l’indépendance, tout en assurant la protection du salariat, les coopératives d’activité et d’emploi offrent un modèle d’organisation collective qui séduit.

Isabelle Guibert et Behgam Kazemzadegan n’ont aucun regret. Après vingt-cinq ans dans le salariat classique, ils ont tous les deux choisi de lancer leur activité. Entrepreneurs, oui, mais au sein d’une coopérative d’activité et d’emploi (CAE). Celle qu’ils ont rejointe s’appelle Coopaname. Fondée en 2004, c’est l’une des plus anciennes en France. On en dénombre aujourd’hui près de 150, regroupées, depuis décembre 2021, dans une fédération afin de gagner en visibilité.

Le partage et l’accompagnement

« Je voulais changer de mode de vie », raconte ainsi Behgam Kazemzadegan qui s’est spécialisé dans l’informatisation de systèmes de santé. Il a passé la majorité de sa carrière dans de grandes entreprises et dénonce « une façon de travailler qui s’est au fur et à mesure transformée et n’était plus en adéquation avec ma façon de travailler, ma vision ». Ce quinquagénaire est aujourd’hui satisfait d’être à nouveau autonome dans ses prises de décisions. « J’ai choisi Coopaname parce que je ne voulais pas être seule et que j’ai complètement adhéré à leur projet politique », ajoute Isabelle Guibert, qui conçoit et édite des carnets d’écriture pour les particuliers et les entreprises.

Pour tester son activité, cette ancienne responsable d’édition a bénéficié du dispositif de contrat d’appui au projet d’entreprise (CAPE) pendant un an, ce qui lui a permis de continuer à percevoir des indemnités chômage. Elle est ensuite devenue entrepreneuse salariée de la coopérative en 2020, bénéficiant ainsi des protections sociales attachées au statut. Comme n’importe quelle CAE, Coopaname permet de partager des outils pour émettre des factures ou des devis, des bureaux – en Île-de-France et au Mans – et un service de comptabilité. Elle propose parallèlement un accompagnement au redéploiement ou à la création d’activité. « Toute la partie administrative est prise en charge par la coopérative. En même temps, les coopérateurs contribuent à son développement en donnant du temps et de l’information à leurs pairs », détaille Marie Lesage, la directrice. Après avoir participé à une réunion d’information collective et deux rendez-vous, les nouveaux venus sont intégrés dans une promotion de huit à dix personnes et suivent un cheminement plus ou moins long selon l’état d’avancement de leur projet.

La philosophie se veut bien différente de celle des sociétés de portage salarial qui versent un salaire à un indépendant pour une prestation qu’il effectue pour une entreprise cliente en échange d’une commission. « Contrairement à la société de portage salarial, quand on entre dans une coopérative, on décide collectivement des orientations stratégiques, politiques, économiques de la coopérative puisqu’on devient associé, explique Marie Lesage. Techniquement, ça se ressemble, mais éthiquement, non. » Un fonds d’investissement pour acheter du matériel et un fonds de secours en cas d’accidents de la vie ont ainsi été mis en place. Coopaname rassemble aujourd’hui près de 500 coopérateurs qui payent une contribution fixe de 30 euros par mois auxquels s’ajoutent 13,5 % de leur marge brute.

Profiter d’un réseau

Contrairement à d’autres CAE spécialisées sur un secteur, Coopaname est généraliste. On y trouve des créateurs, des sophrologues, des consultants, des paysagistes, des artisans… Ce large réseau constitue un appui de taille. « Une coopératrice qui fait des ateliers d’écriture promeut mes carnets auprès de son public et une relieuse d’art a fait un écrin de cuir et les vend dans son atelier », témoigne ainsi Isabelle Guibert, qui a aussi fait appel à un « coopanien » pour lancer sa page Facebook professionnelle sans avoir à payer de TVA pour cette prestation. « J’ai déjà commencé à travailler avec certains coopérateurs, avec d’autres, je vois des opportunités », confirme Behgam Kazemzadegan. Au sein de la coopérative, 80 collectifs se sont également formés. « Nous les accompagnons lorsqu’ils s’associent momentanément pour répondre à des appels d’offres ou créent une marque », indique Marie Lesage.

L’autre avantage de Coopaname, c’est d’ouvrir le champ des possibles à ses coopérateurs, qui peuvent cumuler des activités totalement différentes avec un même numéro de Siret, ce qui n’est pas le cas avec le régime de la micro-entreprise ou d’autres statuts juridiques. Pour chaque activité lancée, seule une nouvelle demande d’assurance est nécessaire. Behgam Kazemzadegan envisage par exemple à long terme de s’investir dans la musique à côté de ses projets dans l’informatique. De quoi en faire rêver plus d’un.

Auteur

  • Nathalie Tissot