Près de Toulouse, un trio d’entrepreneurs a imaginé du mobilier de bureau assis-debout qui permet d’alterner les positions durant sa journée de travail afin d’éviter le mal de dos. Un investissement financier non négligeable, mais qui améliore en prime la communication.
Quelque 95 % des Français n’ont pas une activité sportive suffisante pour protéger leur santé et 40 % d’entre eux passent de trop longues heures immobiles, d’après une étude de l’Anses, publiée en février. Pis, ils restent assis 7 h 24 par jour, contre seulement 5 h 50 en Finlande, selon une étude sur la sédentarité en Europe réalisée par Harris Interactive pour l’assureur Attitude prévention, publiée en 2018. Or la sédentarité au travail est à l’origine des maux de dos de nombreux salariés. À l’image de Nicolas Fabries… Ce Toulousain s’est parfois retrouvé le dos bloqué, pendant des journées entières, alité, après être resté assis des heures sur son siège de bureau. En avril 2017, entouré de Julie Clément et Franck Taverriti, il co-fonde alors Makiba : une marque de mobilier de bureau assis-debout, qui permet d’alterner les positions durant la journée. Le mobilier qu’ils ont imaginé se règle en hauteur et alerte son utilisateur lorsqu’il reste trop longtemps assis. « Nous avons lancé Makiba avec trois axes à privilégier : des produits bons pour la santé, écoconçus et à un prix accessible, indique Franck Taverriti. Nous trouvions inconcevable que les sièges automobiles soient davantage réglables que le mobilier de bureau. » Un bureau Makiba coûte de 800 à 1 200 euros, mais il est également possible de commencer à s’équiper d’une simple station de travail assis-debout en bois pour 189 euros. La société implantée à Labège, en Haute-Garonne, réalise 70 % de son chiffre d’affaires en BtoB, notamment via des ergonomes qui recommandent leur mobilier. Mais elle vend aussi ses modèles en ligne à des particuliers depuis 2020, année au cours de laquelle la pandémie a fortement accru le télétravail et donc le souhait d’être bien installé, y compris chez soi.
Pour un employeur, équiper ses locaux de bureaux assis-debout favorise le travail collaboratif, la créativité et le dynamisme des employés. Cela peut même devenir un élément d’attractivité ! « En ce moment, nous cherchons à recruter sept personnes et c’est un confort que nous mettons en avant », lance ainsi Damien Villar, designer graphique à La Bécanerie depuis huit ans et utilisateur convaincu de ce mobilier réglable.
Assis devant un ordinateur, il passe ses journées à dessiner de futurs produits pour un distributeur de pièces détachées et équipements pour deux roues d’Avignon. « J’utilise ces bureaux depuis cinq ans. Avant, j’avais des problèmes de dos et j’ai demandé à tester ce bureau assis-debout. Je varie les positions assis, debout et semi-debout au cours de la journée et mes douleurs ont grandement diminué. Mais le fait que le bureau soit réglable en hauteur favorise aussi la convivialité et le dynamisme dans les échanges avec mes collègues », souligne-t-il. Les bureaux peuvent en effet se régler pour qu’une fois debout, plusieurs collaborateurs puissent venir s’y accouder, comme autour d’un bar. À La Bécanerie, qui compte 70 salariés, Damien Villar faisait partie des deux premiers testeurs en 2018. Aujourd’hui, la grande majorité des collaborateurs sont équipés de mobilier modulable.
« Nous avons payé ces bureaux un peu moins de 1 000 euros par collaborateur, soit deux fois plus cher que des bureaux standards, mais l’ergonomie et les possibilités de communication sont autres. Je considère cet équipement comme un bel investissement », déclare Laurent Henni, le directeur de La Bécanerie. Il apprécie l’ergonomie de ce mobilier et également le fait que l’on puisse lever le bureau pour s’y accouder même debout : « C’est un vrai plus pour la communication de pouvoir tous être à la même hauteur au cours de la discussion au bureau d’un collaborateur, il n’y a ainsi pas de position dominante, note-t-il. Quand la médecine du travail a visité nos locaux, les médecins étaient surpris du nombre de bureaux installés. » Pour Damien Villar, la prise en compte de sa santé au travail est de plus un élément de motivation : « Ma demande a été entendue, je me rends compte de l’investissement financier de l’entreprise et je me sens pris en considération », se réjouit le designer. Avec ses bureaux fabriqués en Occitanie, Makiba a déjà équipé des salariés de Google Europe et Pierre Fabre et en a livré 700 à Continental, à Toulouse. Après avoir quasiment triplé son chiffre d’affaires entre 2020 et 2021, la société vise 850 000 euros de recettes cette année.