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« Les managers ou les DRH n’ont pas à déterminer la capacité des salariés à gérer leurs émotions »

À retenir | publié le : 02.05.2022 | Lys Zohin

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« Les managers ou les DRH n’ont pas à déterminer la capacité des salariés à gérer leurs émotions »

Crédit photo Lys Zohin

Ce formateur pour Demos explore les responsabilités des entreprises et des salariés dans la gestion du stress au travail. Avec, au programme, d’abord l’expression et l’écoute, de même que la valorisation et le relationnel.

On parle beaucoup de stress au travail. Avez-vous noté une augmentation des demandes de la part des entreprises pour mieux le gérer ?

Je n’ai pas de demandes précises sur la gestion du stress. En revanche, les demandes en formation affluent sur la communication et la cohésion des équipes, depuis la base jusqu’au codir. Plus qu’un signe de stress, c’est un signe de grande fatigue et de tensions accrues, au sortir de la crise Covid.

Que conseillez-vous aux entreprises dans ce cas ?

D’abord, les entreprises doivent reconnaître leurs responsabilités : elles doivent mettre en place des conditions de travail et d’organisation du travail adéquates, visant à éviter les tensions et le stress. Mais ce n’est pas tout. Elles doivent aussi, si ces objectifs ont du mal à être atteints pour des raisons internes ou extérieures, ce qui génère des difficultés pour les salariés, mettre en place aussi bien des espaces de repos que des groupes de parole, afin de créer un partage d’expérience et libérer l’expression du malaise. Et évidemment, agir ensuite par rapport aux problématiques évoquées et aux ressentis mis en avant par les salariés. Cela passe ainsi, pour les managers, par une sensibilisation à l’écoute empathique, sans jugement. Les managers ou les DRH n’ont pas à déterminer la capacité des salariés à gérer leurs émotions. Elles sont là. En revanche, les collaborateurs doivent avoir le courage de s’exprimer, sinon, comment espérer être écoutés ?

Avez-vous également des conseils pour les salariés eux-mêmes, au-delà de l’expression de leur ressenti ?

En effet, si la direction d’une entreprise a des responsabilités, les salariés en ont aussi… La première est sans doute de reprendre du pouvoir face à certaines situations et de savoir dire non : non à une demande excessive – je pense au fameux dossier qu’il fallait rendre « pour la veille », ou à des injonctions contradictoires, non à un travail en mode dégradé. N’oublions jamais qu’un manager, même s’il est de type pervers-manipulateur, n’a que l’emprise qu’un individu veut bien lui donner sur lui… Cela demande, pour le subordonné, de prendre du recul, ce qui n’est pas forcément évident dans certains cas, je l’admets, voire de penser à changer d’entreprise si, décidément, les conditions de travail ou relationnelles ne conviennent pas. Par ailleurs, rien de tel pour alléger le stress, qui a un impact physiologique clair, que de s’occuper de son corps, avec, notamment, des exercices – yoga, tai-chi ou autres, qui impliquent une respiration basse et feront que le corps se détendra et que le cœur battra moins vite. Au même titre qu’il faut reprendre le contrôle de son temps au travail, il faut reprendre le contrôle de son corps, le tout associé à une bonne hygiène de vie et de sommeil. Par ailleurs, en matière de psychologie individuelle, au-delà de prendre du recul, il faut se valoriser soi-même, surtout si le manager ou la direction ne le font pas… Et prendre conscience de ses réussites plutôt que de se concentrer sur ses échecs. Après tout, si l’entreprise a embauché un salarié, ce n’est pas par hasard, ni par charité, c’est parce qu’il vaut quelque chose ! Enfin, il faut miser sur le collectif. Plus les équipes se connaissent – et il faut oser partager un peu de soi, sans pour autant se dévoiler complètement, plus elles font preuve de solidarité et de cohésion, mieux elles peuvent faire bloc et gérer, ensemble, les difficultés du quotidien. Cela ne protège pas du stress au sens strict, mais cela aide à mieux le vivre.

Auteur

  • Lys Zohin