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L’IA, un enjeu de dialogue social

Les clés | À lire | publié le : 25.04.2022 | Lydie Colders

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L’IA, un enjeu de dialogue social

Crédit photo Lydie Colders

Dans ce guide juridique sur « l’intelligence artificielle au travail », une spécialiste de la CFDT invite les CSE à se saisir de l’IA. La négociation s’avère nécessaire pour en encadrer les usages…

À quand un débat en entreprise sur l’intelligence artificielle ? L’IA progresse dans la robotique, la reconnaissance faciale et vocale et dans l’exploitation des données. Elle aide au recrutement, à la décision et traduit automatiquement des textes. Parce que ces technologies posent question, il est temps que les syndicats s’en emparent, juge Franca Salis-Madinier. Dans ce guide destiné aux élus des CSE, cette syndicaliste de la CFDT cadres, spécialiste du sujet au niveau européen, donne des repères juridiques. En particulier, le projet de réglementation européenne harmonisant des règles de l’IA d’avril 2021. Un texte qui doit encore être adopté par le Parlement européen avant de s’imposer aux pays membres, sans doute « pas avant 2025 ».

Un projet insuffisant

Dans ce document, explique-t-elle, trois intelligences artificielles à haut risque de discrimination devront être encadrées dans le monde du travail : le filtrage et la présélection des candidats à l’embauche, les décisions de promotion, de licenciement ou d’évaluation des performances et l’accès à la formation. Problème : les pays devront procéder à des vérifications, mais la conformité éthique reviendra « aux fournisseurs d’IA ». Pour la syndicaliste, « les travailleurs sont exclus ». Le dialogue social aura donc « un rôle important à jouer » pour garantir la transparence de l’IA, le projet européen admettant « de facto un large panel d’outils ». D’autant que les risques éthiques, condamnés par la Cnil, existent déjà : surveillance des salariés depuis la Covid-19, test d’entretiens d’embauche vidéo utilisant des systèmes de reconnaissance faciale et vocale pour détecter les émotions ou le niveau de vocabulaire…

Former les élus

La syndicaliste aborde bien sûr l’épineuse question de la suppression et de l’évolution des postes. Si l’ampleur des transformations liées à l’IA ou la robotique font débat, « l’impact sur l’emploi est avéré » dans les études officielles, dit-elle. Pour elle, « la formation des équipes syndicales et des travailleurs aux enjeux de l’intelligence artificielle est d’autant plus nécessaire qu’elle entre souvent dans les entreprises et les administrations sans discussion. » Les syndicats manqueraient de clés pour anticiper ces changements entre humains, machines et algorithmes. Son livre donne des repères juridiques aux élus pour agir : créer une commission du CSE spécifique sur l’IA dans les grands groupes, mandater une expertise, relier l’introduction d’une technologie aux risques sur la santé (surcharge cognitive, perte d’autonomie au travail), voire soutenir les lanceurs d’alerte. L’ouvrage relaie beaucoup les positions de coconstruction de la CFDT, mais reste une bonne boussole juridique. Avec quelques exemples de branches où l’IA bouscule les emplois, comme l’industrie, la banque ou l’assurance.

Auteur

  • Lydie Colders