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Sur le terrain

Collaboratif : À l’Ehpad de Nazareth, l’intelligence collective au service du projet d’établissement

Sur le terrain | publié le : 04.04.2022 | Lucie Tanneau

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Collaboratif : À l’Ehpad de Nazareth, l’intelligence collective au service du projet d’établissement

Crédit photo Lucie Tanneau

Le plus grand Ehpad du département de l’Aube a mis en place le projet Tous acteurs du changement pour embarquer ses 200 salariés dans la rédaction de ses missions stratégiques. Une initiative pour mieux répondre à leurs besoins et redonner de la motivation et du sens au quotidien.

Utiliser l’expérience des personnels de terrain pour répondre aux problématiques : c’est ainsi que l’Ehpad de Nazareth, à Pont-Sainte-Marie, dans l’Aube, a voulu procéder pour réfléchir à son projet d’établissement. « Je venais de prendre la direction. Je ne connaissais pas la structure et cela me semblait logique », commente Abéline Moreau, directrice depuis 2019. Entre la gestion de la crise sanitaire et celle du quotidien, la rédaction du projet de l’établissement, le plus grand du département (200 salariés et 250 résidents), aura pris deux ans. De plus, il est commun à l’ensemble des sites des Hôpitaux Champagne Sud. L’exercice a donc exigé de nombreux allers-retours entre structures, qui ont choisi leur méthodologie propre pour avancer. À l’Ehpad de Nazareth, la directrice a opté pour une technique qu’elle connaissait déjà. Baptisée Tous acteurs du changement, elle s’appuie sur l’intelligence collective. « L’idée est, pour chacun, d’un choix égal de décisions selon ses besoins », explique Abéline Moreau.

Libérer la parole sur les besoins

Elle cite l’achat de matériel. « Les soignants voulaient investir dans deux baignoires balnéo supplémentaires pour des bains thérapeutiques et relaxants, raconte-t-elle. Auparavant, les personnes âgées devaient passer par l’extérieur pour rejoindre leur unité après le bain – ce qui réduisait les effets de bien-être… » Grâce à cette remontée de terrain, l’achat a été décidé collectivement. « Ce sont les professionnels qui savent le mieux ce dont ils ont besoin dans leur pratique », conclut la directrice, elle-même ancienne infirmière.

« Si les décisions sont imposées, il n’y a pas d’adhésion », enchaîne Angélique Feurtet, ancienne aide-soignante devenue « responsable hôtelière » dans la structure de Pont-Sainte-Marie. Un poste créé spécialement pour elle, qui a pris une dimension nouvelle, grâce à Tous acteurs du changement. « Souvent, les soignants qui doivent se reconvertir pour des raisons de santé, se voient proposer des postes administratifs, ce qui ne me convenait pas », dit-elle. Aujourd’hui, après la réflexion collective, elle fait du lien grâce à ce poste. Concrètement, la réflexion pour arriver au projet a commencé par un appel à volontaires : 20 % du personnel, tous corps confondus, a répondu présent. Trois temps forts ont ensuite été organisés. Une première réunion d’une heure et demie a permis de libérer la parole sur les besoins et la motivation. « L’idée était vraiment que chacun puisse dire en une minute ce qui le rend fier », déclare la directrice. Ensuite, par le biais de post-it anonymes, chacun a pu s’exprimer sur ce qui était à améliorer. Enfin, un temps de restitution a permis d’imaginer des groupes de travail par thématique. Un travail de fond a notamment été lancé sur le développement durable. « Je ne pensais pas que ce serait un thème si important pour le personnel. Ni que le fait de ne pas trier les déchets remettait en cause le sens du travail », avoue la directrice. Des projets sont alors imaginés pour se faire livrer les repas autrement qu’en barquettes plastiques (réflexion toujours à l’étude), pour analyser les menus et les quantités ou les aliments jetés et mieux adapter les propositions… Justine Carette, la diététicienne, s’est notamment beaucoup investie dans ce projet. « J’étais intéressée par la recherche en soins, mais ça ne fait pas partie des études ou du métier de diététicienne », dit-elle. Le dispositif Tous acteurs du changement lui a permis de participer à une formation de deux jours sur le sujet et de monter une expérimentation sur le « manger-main » (des repas en bouchées pour faciliter l’alimentation de certaines personnes, NDLR). « J’ai appris énormément et c’est une grande fierté : développer des compétences et travailler avec d’autres intervenants pour trouver des solutions à des problèmes de terrain est très enrichissant », se réjouit-elle.

Mobilisation

Des partenariats avec des start-up sont aussi envisagés pour mesurer l’hydratation des résidents à l’aide de verres connectés, par exemple. « Ce sont ces nouvelles façons de travailler qui créent une vraie mobilisation », remarque Angélique Feurtet, la responsable hôtelière. Le projet complet sera présenté en juin prochain, afin de recueillir les avis des résidents et de leur famille. En attendant, la méthodologie mise en place a changé le regard du personnel sur son employeur.

Auteur

  • Lucie Tanneau