logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Le point sur

« La VAE doit être un mécanisme de montée en compétences »

Le point sur | publié le : 04.04.2022 | Dominique Perez

Le co-auteur du rapport de mission « De la VAE 2002 à la Reva 2020 » et dirigeant du cabinet Les deux Rives préconise avant tout d’étudier le parcours, plutôt que les simples années d’expérience.

Quels sont les principaux obstacles à la VAE que vous avez identifiés ?

Des difficultés sont apparentes à chaque étape du système. Il existe certes un guichet public (dans chaque région) pour s’informer, mais les candidats se retrouvent souvent face à une profusion d’informations, et l’accueil est très hétérogène d’un endroit à l’autre. Le candidat doit considérer jusqu’à 15 000 diplômes. Comment savoir lequel va convenir, pourquoi choisir l’un et pas l’autre ? Il faut se fonder sur le référentiel du diplôme visé pour évaluer les chances d’obtenir une validation, mais les correspondances entre l’expérience et le diplôme ne sont pas toujours assez précises. En conséquence, beaucoup renoncent avant même d’avoir commencé…

Vous préconisez une approche qui prend en compte le parcours et non une démarche de « sanction » sur des critères pré-établis…

L’un des premiers critères de recevabilité est d’avoir au minimum un an d’expérience, mais l’acquis de l’expérience n’est pas uniquement fonction de la durée de celle-ci, on peut accumuler beaucoup d’acquis en un an et peu en cinq ans… On devrait se poser la question de la mesure du vécu professionnel et des acquis, et non les baser sur une durée, qui ne prouve rien. Cela revient juste à effectuer un contrôle administratif… Ce que nous préconisons, c’est d’abord d’étudier un parcours, et de dire clairement au candidat : voilà où vous en êtes et ce que l’on peut mettre en œuvre pour que vous atteigniez votre objectif, et pas seulement signifier : vous êtes recevable ou non, point. C’est l’objet premier de la transformation en cours. De plus, nous voulons démontrer que la VAE n’est pas un dispositif qui ne permet que de valider ce que l’on sait déjà faire, mais qui doit être un mécanisme de montée en compétences, fondé sur une pédagogie axée sur la mise en situation de travail.

Certains préconisent, et ce fut le cas dans un certain nombre d’expérimentations de la VAE nouvelle, de privilégier l’oral pour certifier l’expérience et non l’écrit. Qu’en pensez-vous ?

Pour moi, le passage par l’écrit reste indispensable. On ne peut pas partir du postulat que certains sont à l’aise pour décrire leur parcours de cette manière, et d’autres incapables, c’est du déterminisme. En tant que praticien de la VAE, c’est à mon sens au cœur du processus. Il faut parvenir à préparer, « intuiter », poser ses idées par écrit et pas seulement à l’oral.

N’y a-t-il pas le risque de privilégier, à terme, des parcours de VAE répondant avant tout à des besoins de compétences dans des métiers en tension au détriment des désirs individuels d’évolution ?

Je suis de nature optimiste, je ne le pense pas. Si, avec l’expérimentation Reva, on a pu démontrer que l’on pouvait faire évoluer le système pédagogique général vers une meilleure reconnaissance de l’expérience, je n’ai pas de crainte sur le fait que cette démarche pourra bénéficier à tous. Et il sera juridiquement difficile d’expliquer que certains diplômes seront accessibles et pas d’autres par la voie de la VAE.

Auteur

  • Dominique Perez