L’idée d’un nouveau business modèle, s’appuyant sur des matelots étrangers, payés moins de 5 euros de l’heure, avait de quoi séduire la direction de P&O Ferries, puisqu’elle devait diviser les coûts par deux… Mais le licenciement de 800 salariés, payés en moyenne l’équivalent de 33 000 euros par an, pour les remplacer par du personnel payé à l’heure et en dessous du salaire minimum, sans préavis, sans consultation avec les syndicats et en quelques minutes par vidéo est tout simplement illégal… L’affaire de ce licenciement massif avait fait grand bruit à la mi-mars. Au point que les parlementaires s’en sont mêlés. Témoignant devant la Chambre des Communes, Peter Hebblethwaite, le nouveau PDG, a admis qu’il était allé trop loin. Mais s’il a massivement licencié, c’est pour sauver l’entreprise, a-t-il affirmé, et s’il n’a pas consulté les syndicats – alors que la loi l’exige – sur le remplacement des salariés par d’autres dans le cadre d’une politique de moins-disant social assumée, c’est qu’il savait que les syndicats ne pourraient accepter, a-t-il ajouté… « Il n’y a aucun doute que nous devions consulter les syndicats. Nous avons choisi de ne pas le faire », a-t-il déclaré. « Vous avez choisi d’enfreindre la loi ? », s’est alors étranglé un élu. Un autre, tout aussi stupéfait, lui a demandé s’il pourrait vivre avec moins de 5 euros de l’heure, lui qui touche l’équivalent de près de 400 000 euros à l’année et bénéficie de deux bonus liés à sa performance. Le PDG a choisi de ne pas répondre, se bornant à dire qu’il n’était pas sûr d’accepter ses bonus cette année… De quoi inciter Darren Jones, le président de la commission économique, à lui demander : « La situation dans laquelle vous vous trouvez s’explique-t-elle parce que vous êtes totalement incompétent ou parce que vous êtes un simple escroc ? »… Quant au gouvernement britannique, il se réserve le droit de poursuivre P&O Ferries en justice.