logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Les clés

Le syndicalisme doit-il changer ?

Les clés | À lire | publié le : 28.03.2022 | Lydie Colders

Image

Le syndicalisme doit-il changer ?

Crédit photo Lydie Colders

 

Dans ce livre, deux consultants en relations sociales interrogent l’avenir du syndicalisme, prônant un dialogue social plus coopératif. Une réflexion de qualité pour les CSE.

Exit la lutte des classes, fondement du syndicalisme ? Passant en revue un monde du travail en plein changement, marqué par l’essor des métiers de services peu syndiqués et l’individualisme, le syndicalisme affaibli « est condamné à se réinventer », estiment Michèle Millot et Jean-Pol Roulleau. Si sa vocation reste de protéger les salariés, sa culture militante classique ne suffit plus, jugent ces consultants en relations sociales. Très proches de la CFDT, leur livre sur « le renouveau du syndicalisme » dresse un état des lieux fouillé des enjeux futurs. En matière de dialogue social, ils prônent davantage de concertation : « trouver des idées » avec les salariés et la direction dans une recherche de performance, donc d’intérêt des emplois, ne serait plus tabou pour faire face aux mutations de l’industrie, notamment. Idem, le bien-être au travail leur paraît un chantier à saisir, par le biais « des espaces de parole » associant élus et salariés pour proposer des aménagements. « Le syndicalisme peut-il, sans se renier, passer d’une attitude de confrontation à une démarche d’implication, voire de coordination du travail ? » : la question est délicate, reconnaissent-ils, car tous les patrons ne jouent pas le jeu… Mais la législation (raison d’être, statut d’entreprise à mission…) poussant dans ce sens, les auteurs y voient un virage à prendre pour les CSE.

Des jeunes à l’ubérisation

Avec un taux de syndicalisation parmi les plus bas d’Europe, faut-il aller vers un syndicalisme de services en France ? Cette idée « irrite la culture militante » française, mais ces experts y sont plutôt favorables. Bien que les syndicats aient moins de pouvoirs et de moyens que dans les pays nordiques, certaines initiatives (aides à la reconversion, formation des élus à « l’e-syndicalisme ») permettraient selon eux de dynamiser le syndicalisme. Et de convaincre aussi les jeunes allergiques au « dogme syndical ». Dernier enjeu sensible : l’ubérisation. Faut-il créer un syndicat « de néotravailleurs » des VTC, qui, selon eux, souhaitent restent indépendants ? Alors que se profilent les premières élections des autoentrepreneurs des plateformes, le propos donne à réfléchir à ce dilemme pour les syndicats. Des enjeux politiques à ceux de l’entreprise, cet éclairage progressiste, parfois critique, est assez fécond.

Auteur

  • Lydie Colders