Deux ans après le début de la pandémie de Covid-19, l’ANDRH et BCG viennent de publier la deuxième édition de leur enquête sur le futur du travail. Menée auprès de 588 professionnels RH français (DRH, responsables RH…) du 3 au 22 février 2022, cette étude visait à recueillir leur vision du travail à horizon 2025. Premier enseignement : la normalisation du travail hybride pour de plus en plus de métiers éligibles. Dans ce cadre, le télétravail se stabiliserait autour de deux jours par semaine en moyenne d’ici 2025, en ligne avec les prévisions de l’enquête précédente. D’autant qu’un plus grand nombre de personnes et de métiers sont concernés par le travail hybride : 40 % des personnes interrogées ont ouvert davantage de postes au télétravail ou y réfléchissent, et 39 % des répondants prévoient que plus de la moitié de leurs salariés éligibles télétravailleront a minima un jour par semaine d’ici 2025 (+ 8 points par rapport à 2020), le « tout » télétravail n’étant pratiqué que dans 1 % des entreprises interrogées.

Autant d’évolutions qui induisent deux grands bouleversements : l’organisation du travail change, de même que les pratiques managériales, selon 58 % des répondants, notamment en réponse aux fortes attentes de flexibilité sur le « où » et le « quand » se déroule le travail. En effet, pour 90 % des répondants, les salariés expriment des attentes différentes post-Covid 19 et pour 88 % d’entre eux, mieux répondre à ces attentes permet de gagner en attractivité. Enfin, selon 84 % des professionnels interrogés, la fonction de manager est profondément affectée avec une attente forte sur le partage du sens et la capacité de délégation (en forte progression par rapport à l’enquête précédente). Au point que, pour 70 % des répondants, la transformation de ce rôle sera clé pour le futur du travail et constitue un chantier prioritaire. « La pandémie a bouleversé l’organisation du travail et avec elle le rôle du manager, observe d’ailleurs Laurence Breton-Kueny, vice-présidente de l’ANDRH et DRH du Groupe Afnor. Les DRH doivent investir en conséquence, notamment à travers une offre de formation et d’accompagnement sur la durée. » Autre élément qui ressort de l’enquête ANDRH et BCG, les RH interrogés reconnaissent bien l’existence de risques liés au futur, hybride, du travail, mais peu les constatent aujourd’hui. Ainsi, à titre d’exemple, 77 % déclarent que le développement du travail hybride n’a pas augmenté les inégalités hommes-femmes. Les répondants sont cependant conscients d’un risque de renforcement de ces inégalités, de même que de difficultés accrues en ce qui concerne la conciliation vie professionnelle-vie personnelle, et pour 80 % d’entre eux, c’est même le premier danger. Il s’agira donc, pour les professionnels RH, de veiller… D’ailleurs, ces experts estiment que la fonction RH, renforcée par la crise, doit maintenant étendre sa sphère d’action et son influence au-delà de ses prérogatives (diversité, organisation…) classiques, pour avoir un impact fort sur les grands chantiers à venir. Parmi ces chantiers, 75 % des DRH considèrent l’accélération de la transformation digitale comme prioritaire pour leur entreprise à horizon 2025 et pourtant, précise le commentaire de l’étude, « moins d’un sur deux déclare qu’il y contribuera de façon majeure », proportion à comparer aux 83 % qui estiment pouvoir agir en matière de diversité et des 74 % qui pensent avoir une action clé dans la mise en place d’un modèle d’organisation agile…

« La pandémie a accéléré des bouleversements organisationnels et managériaux émergents et il n’y aura pas de retour en arrière, précise Vinciane Beauchene, directrice associée au BCG. L’hybride, qui est devenu la norme pour une grande part des salariés, est un bon exemple. Mais le futur du travail ne s’arrête pas là.

Tout en prenant en considération les nouvelles attentes des collaborateurs, les DRH vont devoir se mobiliser pour accompagner les directions générales et mener de front les deux grandes transformations – digitale et environnementale – qui sont à l’agenda des dirigeants aujourd’hui. » Enfin, Benoît Serre, vice-président délégué de l’ANDRH et DRH de L’Oréal France, estime pour sa part que « cette crise a prouvé la place centrale de l’humain dans l’entreprise. La fonction RH porte une responsabilité essentielle pour faire vivre durablement cette évolution du travail désormais ancrée. »