Le baromètre montre en effet que l’hybridation est un phénomène massif, puisque 78 % des entreprises sont touchées, alors que le télétravail, lui, ne l’est pas. Selon une étude de la Dares, publiée en juin 2021, le travail à distance concernait 26 % des salariés. Certes, il a atteint un pic inédit en 2020, avec 41 % des salariés travaillant à distance au plus fort de la crise. Mais le niveau constaté en 2021 est proche de celui de fin 2019 (30 %), la France étant d’ailleurs en retard sur le reste de l’Europe du Nord en matière de télétravail. Et alors qu’il avait été contraint par la crise sanitaire, il se résumait plutôt, pour certaines entreprises, à du 100 % « télécontrôle »… L’hybridation, entre présentiel et distanciel, implique d’une part la recherche d’un équilibre dynamique entre ces deux pôles, et de l’autre, des évolutions, aussi bien au point de vue de l’organisation du travail et de la gestion des espaces que du management. Les entreprises, ou en tout cas, certaines, ont pris conscience de l’intérêt du collectif et du collaboratif, et du fait que les collaborateurs ne pouvaient plus être managés comme dans le passé, sur le principe du « command and control », puisque la pandémie a changé le rapport au travail.
Au-delà des 10 % qui sont des « précurseurs » en matière d’expérience collaborateur et testent différentes approches, les 50 % de « pratiquants » – taux ayant doublé en quatre ans – qui ont trouvé le bon équilibre, avec, en matière d’hybridation, un à deux jours de télétravail par semaine, notamment, nous constatons effectivement qu’il existe 17 % de « réfractaires », un pourcentage stable, qui plus est ! La fracture que nous avions déjà repérée dans les précédents baromètres, il y a trois ans, entre les organisations rigides et les agiles, entre celles qui écoutent les collaborateurs et celles qui ne voient pas l’intérêt de le faire, se confirme donc. Reste que la nouvelle guerre des talents ne se gagne pas avec les armes du passé. D’ailleurs, plus qu’une pénurie de talents, les entreprises sont souvent confrontées à une pénurie d’envie. Et le phénomène ne date pas d’hier. Il tend simplement à se généraliser. Ainsi, en 2016, les entreprises étaient déjà 32 % à déclarer avoir des difficultés à recruter (et 52 % en 2020). L’entreprise doit de plus en plus être « intéressante » pour les candidats et les salariés, et donc mettre l’accent sur l’expérience collaborateur, sous peine, sinon, de faire tout simplement faillite à terme…
Les DRH sont par nature averses au risque ! Et nombreux sont ces experts qui se disent croyants, mais sont non pratiquants en ce qui concerne l’expérience collaborateur ! Ils ont certes fait preuve de courage en gérant la crise Covid, mais il leur faut désormais de l’audace. En outre, alors qu’il est clair qu’il faut connecter les salariés, les entreprises ont encore du mal à se doter des outils numériques adéquats, que ce soit pour l’onboarding, la formation ou les interactions dans le travail. Le succès ne peut venir que d’un triptyque : la culture d’entreprise, la pratique et les outils. Si l’on adopte des outils sans avoir, pour l’onboarding, par exemple, une vraie culture d’accueil, cela ne sert pas à grand-chose…
Quel que soit le contexte – pandémique, économique ou géopolitique, j’en vois six pour une véritable réponse systémique à la guerre de talents : l’expérience collaborateur, la marque employeur, la qualité de vie au travail et la qualité du travail, la RSE, la transformation organisationnelle et la transformation digitale. Or peu d’entreprises ont véritablement lancé des initiatives dans ces domaines.